lundi 23 février 2015

PJ & Björk

PJ Harvey et Björk ont en point commun d'être deux monuments féminins de la musique des années 1990-2000, chacune dans des styles différents. A juste titre : certains des disques qu'elles ont produit ont soit révolutionné leur genre, soit ont contribué de façon majeure à faire connaître le genre musical à laquelle elles appartenaient auprès du grand public. Et pour cause, elles partagent un autre point commun : elles ont été parmi les grandes créatrices de ces décennies (surtout la décennie 90).

 

Mais ce n'est pas pour ça que je leur consacre un billet commun. Comme je suis un être autocentré et profondément imbu de ma personne, je vous livre la raison pour laquelle j'aime énormément ce qu'elles ont fait (enfin, en partie au moins). Ce n'est pas compliqué, ça tient en une ligne : au-delà de la création, ce que m'ont fait ressentir ces artistes, c'est une féminité qui s'articule aussi, mais pas nécessairement, autour de la fragilité ou de la douceur. Explication (mais c'est très simple).

Jusqu'à écouter Homogenic, à peu près tous les titres chantés par des femmes que j'avais entendus jouaient essentiellement sur les voix claires, douces et/ou sensuelles des chanteuses. Pour une partie d'entre elles, les chansons et l'interprétation étaient très bonnes et je n'avais jamais eu jusqu'alors l'idée d'attendre autre chose d'une chanteuse (j'étais bien jeune).

En écoutant cet album de Björk, j'ai réellement découvert quelque chose : une forme de sauvagerie qui transparaissait, une force et une allégresse qui s'exprimaient par le biais de sons électroniques tellement maîtrisés que les platines devenaient un vrai instrument (à la différence du peu que j'avais pu entendre d'électro à cette date-là).

 

Dans l'étrangeté des sons et de la voix, dans ce que cet album recelait de différent dans ma discographie de l'époque, j'ai trouvé matière à ouverture.

To bring you my love, de PJ Harvey, c'est encore différent. Dans cet album à la tonalité sombre, il y a la force d'une femme, dont la voix par moment claire (C'mon Billy par exemple) est également capable de rauques (Meet ze Monsta) ou de sorties puissantes (Long Snake Moan). Cette impressionnante exploration d'une gamme vocale aussi étendue est le reflet de la diversité des émotions touchées dans cet album, et qui en fait sa richesse.

 

La plupart des autres albums, bien que toujours très bons, et agréables à écouter, ne me font pas le même effet (à part peut-être Uh uh her). Si certaines chansons des autres albums (plutôt les anciens) me font le même effet (Oh my lover), ce n'est pas le cas des albums dans leur intégralité, et j'aime moins les albums les plus récents (mais je reconnais à Let England Shake une perfection dans la forme qui en fait un super album, et White Chalk est un objet musical à part chez PJ).

Ce n'est pas pour rien que j'aime bien la reprise que les deux demoiselles ont faite de I can't get no satsfaction, juste pour le plaisir du duo de ces deux personnalités-là.
A cette époque, elles avaient été regroupées avec Tori Amos pour un entretien mythique, et elles se sont de nouveau retrouvées par la suite ; mais j'ai plus de mal avec Tori Amos.

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C'est peut-être con et naïf à dire, mais ce que m'ont fait découvrir ces chanteuses, c'est qu'en un album, il est possible de faire ressentir une grande diversité d'émotions, et non de mettre en avant une unique facette attendue par les conventions "sociales" ou de marketing : c'est faisable de ne pas enfermer quelqu'un dans ce qui en est attendu. Pour sombres, ou étranges qu'ils soient, ces albums n'en sont pas moins source d'espoir en l'existence d'une créativité non formatée.

2 commentaires:

  1. Je vais me procurer "To bring you my love" alors. J'aime beaucoup la manière dont tu traduis ton émotion sur ces deux disques. C'est ce que j'avais pressenti sans être vraiment capable de le ressentir : leur musique est finalement plus féminine que celles d'autres chanteuses, simplement parce qu'elle est plus personnelle. Et pourtant, à mon grand regret je n'ai jamais réussi à accrocher ni à PJ (pour le très peu que j'en connais), ni à Björk, ni à Tori Amos. C'est un peu agaçant :)

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  2. Oui, c'est exactement ça ; que ce soit vrai ou non, on a l'impression de toucher à un bout de la personne derrière l’œuvre. Une femme ne se résume pas à un archétype de douceur, ou suavité serait peut-être un terme plus approprié.

    Après, au-delà de la réussite d'une œuvre, il y a les goûts personnels ! Il y a des oeuvres qu'on dit énormes, et auxquelles je n'accroche pas. Kandinsky, le Rouge et le Noir, La vérité sur l'affaire Harry Québert, il paraît que c'est génial, mais ça ne me parle pas ;-) !

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