samedi 18 mai 2019

Christian Prigent : le monde est marrant

J'ai lu récemment ce petit livre, emprunté à ma bibliothèque municipale :

Je ne résiste pas à l'envie de reproduire ici le texte du quatrième de couv', histoire de poser le décor :
"Il ne s'agit pas d'un essai de plus (savamment pensif, forcément critique) sur la télévision. Plutôt de la confession d'un qui, presque chaque soir (aux heures les pires, celles dites "de grande écoute"), se vautre devant la boîte à vider les cerveaux. Allumer le récepteur, c'est ouvrir une encyclopédie des idées reçues, des idolâtries et des violences du siècle. Rien de plus navrant que la vie et le monde vus à la télé. Mais, à ce point de bêtise et de crudité, rien non plus de plus marrant. Suffit de recopier, en à peine accéléré, pour tout faire tourner en farce : JT saucissonnés, séries en solde, pubs bouffonnes, cérémonies météorologiques, sitcoms ménagers, feuilletons tiroir-caisse, docu-fictions en peau de lapin pour les presque nuls. Et hop, zapping, moteur, c'est guignol, c'est carnaval !"
Je ne connaissais pas du tout cet auteur costarmoricain, c'est donc pour moi une découverte que ce texte.
L'écriture, d'abord : il y a une volonté d'embarquer le lecteur dans le cerveau d'un téléspectateur en action de zappage. Aussi, les pensées s'enchaînent à grande vitesse, comme des flash, l'auteur visant à faire sauter au lecteur les étapes mentales entre le visionnage et le compte-rendu. L'écriture s'affranchit souvent de toute structure conventionnelle, et prend des raccourcis pour accélérer des associations d'idées qu'on imagine influencées par la succession des programmes visionnés : absence d'articles, ponctuation fluctuante permettant d'avoir des phrases occupant jusqu'à 15 lignes (un peu plus d'une centaine de mots au pif, les lignes sont courtes et j'ai eu la flemme de compter) et néanmoins parfaitement dynamiques.
Ce que je trouve également intéressant, c'est le positionnement que prend le narrateur, assumant parfaitement de se zombifier devant le petit écran en regardant des daubes (bon, le bouquin date de 2008 alors il y a des références datées, la preuve : même moi, je suis), et retranscrivant ce que ça lui inspire. Je ne suis pas forcément objectif, je n'ai pas la télé (même par internet) parce que peu de programmes m'intéressent (à part Cash Investigations), mais aussi - et c'est important - parce que je me sens parfaitement capable de tomber dans le piège de la lucarne et de glander devant des conneries.
Alors, je me dis qu'un qui a le courage de le faire, de l'écrire, et donc de m'épargner le risque de finir par suivre TPMP, ben...je suis content de n'être pas passé à côté.


 

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