Charlie forever

Pour moi, c'était un dernier jour de congés...J'éclusais une partie de tous les congés pas pris au cours des années précédentes. Cette période de repos assez longue prenant fin, je combattais ma mélancolie de veille de reprise en jouant à un jeu de cartes des Minuscules avec ma fille de 5 ans (vous savez, les dessins animés courts qui mettent en scène des petites bêtes - elle adore). A ce moment-là, je ne savais pas encore que la massacre dans les locaux de Charlie avait pris fin depuis un moment, que Pelloux avait tiré des ruines fumantes du bureau des blessés et que Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Maris étaient morts, et d'autres bien près de l'être.

David Pope sur l'attaque de Charlie Hebdo : He drew first

En cours de partie, j'ai reçu un SMS de ma belle-soeur : "tu as vu pour Charlie ? C'est horrible". J'ai continué de jouer ma main, tranquillement, et j'ai saisi la première occasion pour m'informer.
J'étais, comme nombre de gens, sidéré, effondré. Je voyais les noms, mais mon esprit refusait la réalité que reflétait l'écran de mon smartphone. J'ai fini la partie de cartes dans un état second, je ne me sentais pas d'expliquer à ma fille tout de suite.
Plus tard, je l'ai fait, bien sûr - de manière elliptique, elle est petite, quand même. On est allés au rassemblement à Rennes ensemble, pour lui expliquer que quand des gens faisaient des choses vraiment horribles, parfois, ça indignait tellement de gens qu'ils sortaient dans la rue pour le dire, et que quand on dit quelque chose avec tant de gens, les mots qu'on dit sont beaucoup plus forts - et surtout beaucoup plus forts que de taper sur les "gens méchants".

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C'est pour ça que ces djihadistes s'en sont pris à Charlie, d'ailleurs. Eux, les combattants fanatiques, savent que malgré tous leurs combats, atroces, meurtriers, inhumains, ils ont un ennemi intime dans les mots qui portent la liberté. A quoi se sont-ils attaqués en tentant d'assassiner Charlie ? A la liberté de penser, la liberté d'expression et donc de se moquer de tout et de tous, le contraire absolu de la charia (dans l'acception qui est celle d'aujourd'hui). Outre l'organe de presse, porteur de cette symbolique libertaire, ils ont aussi attaqué l'irrévérence, cette bande d'anar qui avaient osé publier les caricatures de Mahomet, ces mecs qui avaient suffisamment d'épaules et de cojones pour porter vraiment le symbole dont ils étaient devenus chargés, un fardeau qui avait fini par apparaître sur leurs épaules et qu'ils devaient porter en se marrant un peu, d'autodérision d'abord, et d'un peu de moquerie envers nous aussi.
Voilà, maintenant ces hommes sont morts, mais ils avaient porté suffisamment haut leur personnage pour que celui-ci reste en lumière, j'espère, longtemps. Et c'est con pour les pauvres crétins qui se sont fait dézinguer par le GIGN, mais en tuant ces gens, ils auront rendu intangible, et donc quasiment indestructible, une partie de ce Charlie qui reste leur ennemi.

alex

Puisse la partie de Charlie qui est restée parmi nous continuer d'éditer ses fredaines, tant qu'on rigole.

dave brown

En tout cas, eux, ils ont dû bien rigoler d'où ils sont, lorsqu'un pigeon de passage a marqué de son empreinte fécale l'embrassade de François Hollande et de Patrick Pelloux. ça aura au moins eu le mérite de faire rire Luz et les autres.

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