J'ai lu récemment ce livre proposé par la personne qui anime, depuis de nombreuses années maintenant, le café lecture du bled où j'habite - une personne qui sélectionne toujours des textes intéressants, par leur écriture, les thèmes, l'atmosphère, etc. Certains des livres que j'ai adoré lire ces dernières années proviennent de son travail ; qu'elle en soit remerciée.
Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka, décrit le voyage de femmes japonaises qui se sont mariées par correspondance à des immigrés japonais aux États-unis, au début du XXème siècle, de leur voyage à, pour certaines, leur disparition.

C'est un texte très fort, très dur aussi, mais très fort et avec
une écriture si particulière, très belle dans l'énumération, une poésie
puissante de la juxtaposition des portraits et des situations, qui sait
brosser, au travers de ces éléments adossés, un portrait de la
situation, à un moment t, de ces femmes immigrées japonaises. C'est
souvent un portrait complexe, contrasté, et donc très riche ; et qui,
sans pathos, montre la dureté de la situation de ces femmes, à toutes
les étapes de leur trajectoire américaine, de leur voyage pour y arriver
- où se lit tout le poids des traditions, mais où l'on sent aussi
poindre déjà des comportements occidentaux - jusqu'au départ forcé,
mystérieux, et à l'oubli. Leur vie entre les deux est une litanie du
labeur, les aspects même les plus intimes de leur vie étant, pour elles,
un travail. Elles ont, finalement, quelque chose de fantomatique, ces
Japonaises, et c'est dramatique ; mais leurs douleurs, elles, ne le sont
pas. J'ai adoré ce texte, vraiment adoré. Je ne peux que le conseiller, pour l'écriture et/ou pour découvrir cet épisode historique méconnu.