Vous n'avez pas totalement tort, sachez-le ! Mais l'abeille mellifère n'est qu'une des nombreuses (plusieurs centaines, en fait) espèces d'abeilles qui existe en France. Voici un tout petit tour d'horizon de la diversité des abeilles, et puis aussi un point sur le rôle qu'elles jouent.
Diversité des abeilles
Alors, pour commencer, dans les photos ci-dessous, essayez de trouver ce qui n'est pas une abeille - je vous aide (ou pas ! ;-)), seul un de ces insectes n'appartient pas à la famille des abeilles :
Bon, la réponse : la seule à n'être pas une abeille ici est la petite métallisée bleue et rouge sur la ligne centrale - pour info, c'est une Chrysididae, qui reste une cousine très proche des abeilles.
Sur la même ligne à gauche, il s'agit bien d'une abeille, probablement du genre Nomada (les abeilles-coucou), qui imite une guêpe (je vous renvoie à cet article pour les notions de couleurs aposématiques et de mimétisme). C'est aussi probablement le cas pour la petite noire et rouge juste en-dessous.
Sur la première ligne, à gauche c'est l'andrène cendrée, une abeille commune chez nous, et à sa droite c'est une osmie. Enfin, la sixième est également une andrène.
Vous aurez peut-être remarqué les "probablement". Les plus pointus d'entre vous auront vu également que je n'adjective pas forcément les noms que je donne : c'est parce que je ne peux pas vraiment donner l'espèce de ces animaux. Pour les identifier, il faut bien souvent les capturer et les observer sous binoculaire, ce que je fais parfois, mais assez peu (je n'aime pas tuer des bestioles). Certaines espèces sont faciles à identifier : la noire et blanche est l'andrène cendrée, parce qu'il n'y en a pas qui lui ressemble vraiment, cette photo étant assez nette pour détailler la nervation de l'aile.
Ces quelques photos ne montrent bien sûr qu'une faible partie de la diversité de ce groupe d'insectes, très riche - je n'ai pas mis de bourdons, mais ils appartiennent au même ensemble d'hyménoptères.
Quelques mots sur les mœurs des abeilles.
On peut différencier deux grands groupes : les abeilles sociales, c'est-à-dire l'abeille mellifère et les bourdons ; et les abeilles solitaires : tout le reste ! Contrairement à l'image qu'on se fait, la majorité des abeilles sont solitaires, c'est-à-dire qu'après fécondation par un mâle, la femelle pond dans un nid qu'elle se choisit ou se creuse un ou des oeufs (en gérant ses pontes pour placer les mâles proches de la sortie). Au printemps suivant (dès mars), les premiers mâles émergent et attendent la sortie des femelles pour les féconder, et ainsi de suite !
Les nids sont variés : il peut s'agir de cavités existantes, artificielles ou naturelles, comme une tige creuse (un bout de bambou), ou à moelle (comme du sureau), mais une partie importante des abeilles creusent des trous dans les sols secs et meubles (chemins, talus écorchés, etc.). Certaines pondent dans des trous de poteaux en béton, ou dans les ouvertures des fenêtres (les osmies, notamment : noires avec le cul rouge).
Une petite andrène explorant un trou dans un poteau de béton
Il faut noter aussi que de nombreuses abeilles, si elles pollinisent de nombreuses fleurs pour se nourrir en récoltant le nectar, ne récoltent le pollen que d'une ou d'un groupe d'espèces de fleurs pour nourrir leurs larves dans le nid. De ce pollen, elles font un pain sur lequel elles pondent leur oeuf, la larve ayant donc la nourriture nécessaire à son développement à portée de mandibule.
Pourquoi favoriser les abeilles ?
En-dehors de la production de miel, une étude a estimé qu'environ 80% de la pollinisation des plantes à fleurs est assurée par des abeilles. Cela concerne notamment tous les fruits et légumes qu'on mange, mais également tous les oléagineux (colza) / protéagineux (luzerne, fève, lupin, etc.) qu'on donne à manger au bétail. Si vous avez suivi le lien vous le savez, mais si vous êtes flemmard (pourquoi pas, vu la longueur de ce billet), cette étude ne synthétise pas les élucubrations d'écolos chevelus, mais a été menée par l'INRA en 2013. Merci d'y penser lorsque vous savourerez votre prochaine fraise...
Les abeilles présentent donc un intérêt pour nous autres, humains, si ce n'est uniquement pour la nature.
Malheureusement, et malgré le nombre de données peu élevé, leur déclin est sensible depuis des années, et les causes sont bien identifiées :
- les pesticides sont bien sûr une cause évidente, et de nouvelles pierres sont régulièrement apportées à ce merdique édifice de connaissance ;
- il est également probable que la dégradation des milieux participe au déclin des abeilles : si une abeille ne peut nourrir ses larves qu'avec le pollen d'une espèce de fleur, et que celle-ci disparaît du coin, alors l'abeille disparaît aussi. Or, on sait que détruire des haies, transformer des prairies (surtout des prairies de fauche) ou des landes en cultures, etc. diminue d'autant la diversité floristique.
Comment favoriser les abeilles ?
Les connaissances sur le choix des sites de pontes des abeilles ont été mises à profit par un grand nombre de personnes pour créer des hôtels à insectes, comme par exemple ici. Cela permet de créer des refuges où le développement de ces espèces est favorisé. C'est une bonne façon, aisée à réaliser (on peut très bien faire des hôtels de ce type avec des boîtes de conserve et des tiges de bambou), d'aider les abeilles.
Merci à Céline pour la photo : on voit bien l’œuf posé sur du pollen,
lui-même posé sur un pain de nectar / pollen
Autant que possible, et dans la mesure où on a un jardin, il est également bon de conserver des parties non tondues durant l'été (tondues en août-septembre), fleuries (c'est mieux d'essayer de conserver des plantes locales : encore une fois, certaines abeilles ne se développent qu'avec le pollen de certaines fleurs), pour permettre aux abeilles de butiner. L'idéal est également d'avoir des arbustes, des arbres fruitiers, etc. Comme pour tous les groupes d'animaux, l'hétérogénéité d'un lieu est la condition sine qua non de la diversité !
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