jeudi 26 novembre 2015

Décuite

Suite au dernier post, j'ai eu envie de me balancer un grand coup d'eau bien fraîche pour me réveiller, et puis une fois que mes idées sont devenues de nouveau claires, je me suis demandé, l'oeil encore un peu trouble, ce que j'avais envie de faire.

J'avais envie de me faire un grand coup de ça :


Et pis aussi de ça - parce que ça a beau pas être tout jeune, c'est toujours aussi bon :


Et puis j'ai eu envie de me rappeler les Mille et une Nuits, des histoires à tiroir qui "si on pouvait [les] écrire à l’aiguille sur le coin intérieur de l’oeil, [elles donneraient] à réfléchir à qui sait réfléchir"

Et j'ai eu envie d'admirer de nouveau le travail des calligraphes arabes, comme par exemple Lassaâd Metoui, dont j'ai un bouquin (La conférence des oiseaux) :

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 (image issue de la présentation du livre Les cent noms de l'amour de Malek Chebel, un personnage intéressant)

Ou celle-ci, issue du site de Nabil Chami, quelqu'un que je ne connais pas du tout, mais j'aime beaucoup :
 

J'ai réouvert aussi une variation sur le Chant des chants, texte attribué au roi Salomon et destiné à la Reine de Saba, un livre réalisé par Henri Renoux, qui mêle la calligraphie arabe et hébraïque - superbe :

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Et puis je me suis dit que j'allait réécouter Lhasa chanter Donne moi la flute et chante :


Puis, je me suis rappelé de tout ce que je connaissais de magnifique dans les cultures arabes, de Ibn Sina, à Averroes, et je me suis dit que j'avais des milliards de choses à apprendre sur cette histoire.

Et enfin, je me suis dit que c'était aussi cette histoire, et les choses magnifiques qui étaient issues de cette culture que des fous mettaient en danger, de la même manière que des fous d'autres religions avaient souvent mis en danger leur propre culture - et les chrétiens ne sont pas les derniers à avoir été ou aidé des barbares jusqu'à récemment, témoin Touvier planqué dans un couvent, ou Pie XII - en plus de celle des autres. Et que, peut-être, si la culture, si cette culture, continue d'être admirée de tous, ils n'auront pas tout à fait gagné.


dimanche 15 novembre 2015

Gueule de bois...

Comme en janvier, une bonne gueule de bois.
Je ne vais pas écrire sur le sujet ; je renvoie à la réaction d'un Odieux connard :
Mais, comme le dit Titiou Lecoq : "J’espère qu’on continuera à aimer faire la fête dehors mais je ne jugerai pas ceux qui préfèrent rester en sécurité." (et merci à Kalys pour le lien).

Edit : Je rêve d'un territoire où les seules armes à feu seraient détenues par les forces de l'ordre. Personne ne possédant théoriquement plus d'arme, toute arme à feu est illégale, donc toute vente de ce genre de matériel y compris pour collection serait interdite. Je ne vois pas trop d'autre moyen de contrôler les flux d'armes de guerre...En gros, le contraire de ce qui existe aux Etats-Unis, ou ce qu'un jeune crétin du nom de Louis S. a dit récemment.

mercredi 11 novembre 2015

Un sacré petit bout de femme

J'ai découvert fortuitement l'autre jour, comme ça hop là au débotté, les poèmes de Sabine Sicaud, une poétesse du début du siècle. Bien que disparue à l'âge de quinze ans, elle eut le temps de produire un recueil de poèmes, et des écrits non publiés de son vivant et rassemblés dans un recueil posthume (1958).
Ils se caractérisent par une fraîcheur particulière, probablement lié au jeune âge de l'auteur, mais qui se mêle à une maîtrise de la langue et une délicatesse qui témoigne d'une maturité qui dépasse cette jeunesse. Ils se caractérisent également, pour les plus tardifs d'entre eux, par une description de la douleur que traversait l'auteur durant les derniers temps de sa courte vie.

Vous parler ?

Vous parler ? Non. Je ne peux pas.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.

Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.

La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire ?
Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.
Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.

Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille.
Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.

On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ?
Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient
De n'entendre ce soir nulle parole vaine.

J'attends - comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet...
Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait ?
Qu'attendent-ils ? Nous l'attendrons ensemble.
Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être...
Sabine Sicaud fut un prodige, lauréate de prix de poésie ; le recueil édité de son vivant fut préfacé par Anna de Noailles, et elle reçut un prix des mains de Jean Richepin - l'auteur des Oiseaux de passage, mis en musique par Georges Brassens :


 Tous les poèmes de Sabine Sicaud sont accessibles sur un site dédié ; vous pourrez y lire, par exemple La rose bleue, pour lequel elle reçut un prix, le puissant Ah ! Laissez moi crier, la Vieille femme de la lune, entre autres petites merveilles.