vendredi 28 décembre 2018

2018, année funeste

Je n'ai pas envie de m'étendre sur les différentes calamités que, par lâcheté, manque d'action ou ignorance, nous avons laissé s'abattre sur notre monde (mais pour ceux que ce que je peux écrire là-dessus intéresse, c'est LÀ).

Je voulais juste rendre hommage, en premier lieu, à Ursula Le Guin, décédée en début d'année, et sur qui j'avais déjà écrit en 2015. Pour ceux qui ne connaissent pas, je conseille vraiment la lecture de Terremer, un livre parfait de délicatesse humaine, dépeinte au travers de l'usage subtil d'une magie par le personnage central de ce texte. Le reste de son œuvre est intéressant également, toujours empreint d'humanisme.

En second lieu, Isaho Takahata est également mort en 2018. Avec lui disparaît l'auteur (notamment) du Tombeau des Lucioles, que je crois inutile de présenter, et le cofondateur du studio Ghibli, le second étant bien sûr Hayao Miyazaki. De ce studio sont sorties des perles magnifique comme Princesse Mononoké, Porco Rosso, etc., mais également une adaptation libre de Terremer, Les Contes de Terremer - mon monde est petit. Takahata a également retranscrit le Conte de la princesse Kaguya en  dessin animé. C'est une perle, une animation qui prend le temps de la puissance (d'aucuns diraient qu'il a des longueurs, mais ce n'est pas mon avis), avec un trait plein de vie et des fulgurances magnifiques (la fuite de la princesse de la cérémonie d'entrée dans l'âge adulte), et une poésie qui infuse dans chaque image. Au cas où vous n'auriez pas compris, je conseille :-).





2018, pfff...

En 2018, il s'est passé ça :

- personne ne respecte les prescriptions de l'accord de Paris, mais comme de toute façon les États-Unis en sont sortis l'an dernier...On verra si l'Affaire du siècle sera un sursaut efficace. Mais, si on était quelques milliers aux manifs pour le climat, ça n'a jamais été un raz de marée non plus. Donc on est prêts à signer une pétition, mais bouger vraiment...Pas sûr. Puis Hulot a démissionné, ce qui était la seule réaction qu'il pouvait avoir (voire, plus tôt aurait été compréhensible, mais il a dû y croire), et ça ne rend pas les choses plus faciles.
- Le Brésil a élu Bolsonaro, qui veut également sortir de l'accord de Paris, mais de toute façon qu'attendre de quelqu'un qui veut lutter contre le "socialisme scolaire" et la "sexualisation précoce" ?

- L'Italie a également élu un gouvernement d'extrême droite, que l'attitude de l'Europe a conforté dans sa place avec la non-gestion de l'arrivée des migrants (cf. plus bas).
- Le monde occidental a contribué à maintenir Bachar-el-Assad au pouvoir, dictateur sanguinaire désormais fantoche dans les luttes de pouvoir à l'œuvre dans cette région du monde. À côté de ça, la guerre au Yemen est une nouvelle horreur humanitaire causée par l'Arabie Saoudite avec les avions de guerre français (mais pas uniquement).

 - En France, le gouvernement a pris des mesures que le parti dont il est issu juge "trop intelligentes", histoire de bien montrer à quel point il respecte la plèbe, durant la crise des gilets jaunes. Une crise majeure, déclenchée par une mesure sur les carburants qui serait une excellent mesure, car allant dans le sens d'une réduction de l'utilisation des énergies fossiles, sauf qu'elle n'a pas été prise pour cette raison, et qu'elle n'a pas été socialement accompagnée. Donc, plein de gens se sont révoltés, spontanément, en colère, cette mesure étant la goutte d'eau qui a fait déborder le vase du ras-le-bol social. Malheureusement, dans ce "plein de gens", il y a un peu tout le monde, qui demande un peu tout et n'importe quoi, car les gilets jaunes sont un groupe bien hétérogène. Et malheureusement, en face, il y a cette hautaine technocratie pleine de contradictions...

- La France a fait preuve d'une incomparable lâcheté humanitaire en refusant d'accueillir, d'une manière générale les réfugiés issus de Syrie, et notamment l'Aquarius alors qu'il croisait au large des côtes françaises à la recherche d'un port d'attache. Je pense sincèrement que cela restera comme une tache sur l'honneur du pays des droits de l'Homme, et que de toute façon c'est un symptôme de la montée des nationalismes. Merkel a ouverts les frontières de l'Allemagne, c'était peut-être fait maladroitement, mais au moins elle a fait quelque chose.

Bien d'autres choses néfastes se sont passées dans ce monde en 2018, et j'ai assez peu d'espoir que mes enfants vivent dans un monde où la peur de l'autre n'aurait pas pris le pas sur les valeurs humanistes, et où on aura réussi à infléchir la courbe du réchauffement global. On essaiera, mais...

dimanche 24 juin 2018

Incendies, ça prend aux tripes, ça prend à la gorge

Long time no see...

J'étais en train de laisser petit à petit ce blog tomber dans les oubliettes poussiéreuses de mon esprit trop encombré, mais je reviens à l'instant d'assister à la pièce Incendies (de Wajdi Mouawad) présentée par Faces & Cie à Baud, association sur laquelle j'avais déjà fait un article .

J'y suis arrivé sans connaître la pièce, vierge de tout a priori sur le sujet et sur le texte...J'ai été très touché par cette pièce, au texte très fort sur un sujet lourd (sans qu'elle soit jamais citée, on devine que les personnages sont liés à la guerre civile au Liban), porté par une équipe formidable.

J'ai trouvé géniale la façon dont les scènes s'enchaînaient, avec fluidité (et parfois avec des astuces : la façon dont sont gérés les bébés tient de la magie), j'ai adoré le passé qui parle au présent, à la limite de la lumière sur la scène...Et la force de l'interprétation, où l'amour transparaît dans la détresse, le contraste des deux notaires, Antoine le passeur de silence qui écoute de la musique à fond, tous les autres... Tout cela, ça m'a porté sur l'ensemble de la pièce. La durée de la pièce est de 2h15, et je n'ai pas vu le temps passer : les acteurs nous accrochent et nous emmènent vivre avec eux cette histoire dramatique, si forte.



Allez voir cette troupe, allez voir ces gens porter les pièces qu'ils joueront plus tard... Ou celle-ci, s'ils arrivent à la jouer de nouveau (j'aimerais beaucoup !!!)

Moi, j'irai.

PS : à un moment, Nawal Marwan dit : "Il faut parfois du courage pour avaler sa salive". Eh bien il m'a fallu beaucoup de courage à pleins de moments de ce spectacle.
PPS : désolé, pas de photos...par respect pour les acteurs, et puis aussi impossible de détacher mon esprit de la scène pour faire ce geste devenu si simple de prendre mon téléphone.