lundi 16 mars 2020

Le complexe de Chita

Mardi dernier, sous l'impulsion de Céline, on est allés voir le spectacle de marionnettes Le complexe de Chita, par la compagnie Tro-Heol. Une présentation du spectacle par la compagnie elle-même est accessible en suivant ce lien : comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, je ne vais pas refaire cette présentation.

Je vais dire, par contre, à quel point c'était impressionnant.

La première chose qui m'a frappé, avant même de détailler les marionnettes, c'est la fluidité des gestes, des enchaînements de séquences. C'est un ballet, un ballet sur fond noir, par des danseurs de noir vêtus, qui savent faire oublier la présence de leur corps au profit de leurs mains et de leurs marionnettes. De leurs visages, aussi : comme un mime qui incarnerait les émotions de sa marionnette, le marionnettiste, muet, est expressif - du coin de l'œil on le voit et on imprime son expression sur le visage de la marionnette en mouvement. Les deux ne font alors qu'un être hybride, vivant.

C'était impressionnant, également, par la richesse des thèmes abordés : le monde de l'enfance, le rêve (quelle  séquence magnifique et inquiétante), une touche de fantastique - de ce fantastique dont on ne sait pas très bien s'il est bénéfique ou non, peut-être n'est-il d'ailleurs ni l'un ni l'autre, nous extirpant ainsi d'une vision binaire du monde -, de burlesque et de drame, le contact avec le mensonge, la mort et la dureté de la vie, la responsabilité imposée, le déterminisme, qui suis-je, suis-je nécessairement dans la lignée de mes parents, et quelle place prendre dans ce monde d'adultes qu'on découvre à chaque pas qu'on fait, de même qu'on se découvre soi-même ? 

Et les marionnettes. À les voir, je n'avais pas deviné la technique précise d'articulation et d'équilibrage nécessaire à ce qu'elles aient des mouvements si naturels, derrière la jute de leurs vêtements. 

Un mot de l'éclairage, précis, parfaitement synchronisé, propre à créer les ambiances, et qui participe aussi grandement à la "disparition" des marionnettistes derrière leurs marionnettes, et à la magie des enchaînements.

Enfin, ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté du Queen ; eh bien j'ai adoré voir le clip de I want to break free (totalement kitchissime, j'adore) façon marionnettes !

Je n'ai pas vu le temps passer. C'était une soirée riche de découvertes. Un grand merci donc à Céline pour nous avoir motivés à venir, et pour les explications !

D'aucuns diront que ce n'était pas très responsable de sortir à ce moment-là, en pleine montée en puissance du coronavirus. Ce n'est pas faux, bien sûr. Mais en même temps (!), quelques jours après que notre adorable président soit allé au théâtre, pourquoi nous en serions-nous privés ? Le spectacle vivant est, par essence, un combat contre l'immobile, le froid, l'inanimé. Y aller était un acte de résistance. Bien sûr, depuis, la résistance a pris un autre visage ; le discours présidentiel de ce soir y a veillé, et à raison pour une fois. 
Une remarque cependant : les annonces de ce soir ont montré combien ce gouvernement est capable de prendre des décisions radicales dans des situations d'urgence immédiate. Que ne le fait-il également pour cette situation d'urgence moins visiblement immédiate qu'est le changement global...


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