dimanche 6 novembre 2016

Des ailes noires


 Wu, gurab, le corbeau

lundi 31 octobre 2016

Faces & Cie

Je suis allé hier faire un tour à Camors, où les gens de Faces & Cie étaient en représentation pour une suite de saynètes.

 

Ce fut varié, dans la nature des émotions et dans l'intensité ; ce fut un bon moment, un vrai ! Ils ont su nous faire naviguer entre des moment graves (la mère et ses trois filles, le père et son fils, l'ascenseur : le "je vous le donne" tue) et légers (papaman), souvent drôles et parfois plus nostalgiques (la p'tite Piette), toujours en variant l'intensité, la nature des émotions, toujours avec une accroche pour rester attentif, c'était top.

 

 

 

 

Merci à eux ! Merci à Mado, Johanne, Nordine, Cyril, Lindsey, Christophe, Juliette, Sylvie, Aurélie, merci à Audrey pour la mise en scène et à Tanguy pour la technique ! J'ai déjà eu l'occasion de le dire là, mais merci de faire vivre les arts vivants !





PS : et désolé de la qualité des photos ! La prochaine fois je viens avec mon reflex
PPS : désolé si je me suis gouré dans les noms, leur orthographe ou autre

dimanche 23 octobre 2016

Gally



Je découvre un article du Monde relatant la réédition de Gunnm, manga post-apo de la plus belle eau et dont j'étais fan à l'époque. Alors du coup, réagissant tel un bon chien de Pavlov à un stimulus infomationnel, je m'en vas vous en causer un peu, de Gunnm.
C'est l'histoire d'un monde détruit où une énorme décharge vit dans l'ombre d'une cité plus ou moins mythique (Zalem). Cette décharge est le creuset d'une société qui s'y est développée bon gré mal gré, et qui est le théâtre de l'histoire dont je ne vais brosser qu'à grands traits quelques lignes - je ne vais pas vous spoiler un truc aussi bon.
Or donc, Adoncques, ou Donc (Coudonc !), un médecin du nom de Ido, en goguette dans les monceaux de rebuts de la décharge, trouve les restes d'une androïde encore fonctionnelle, à qui il donne un nouveau corps et un nom : Gally.


Le personnage de Gally, comme tous ceux qui l'entourent (ou presque) est violent : re-née dans un monde de violence, on pourrait se dire qu'elle s'y adapte, mais en réalité cette violence fait partie de sa nature. Peut-on faire le bien sans être violent, dans un monde aussi dur ? Gally évolue dans un monde sans pitié, où la société dans laquelle vivent les personnages, et qu'ils construisent, est fragile et susceptible de se retourner contre n'importe qui. Le sport dans lequel s'évacue une partie de cette violence (le Rollerball) ne suffit pas, mais pas du tout, à la contenir - Panem et circense, oui mais après ?

J'ai aimé l'évolution de ce personnage et des relations qu'il entretiendra avec les autres, les conséquences qu'entraîneront ses actes, la réflexion sur la puissance, le graphisme (même s'il y a quelques caricatures par moments, un défaut mineur), la description d'un monde détruit ; j'ai aimé aussi le mouvement dans les dessins, la castagne de bourrin (c'est pas du Taniguchi, on reste dans le seinen) !
Même si je n'ai pas ouvert ces livres depuis bien bien long, je vous invite à lire Gunnm, à vous de vous faire votre propre idée !





dimanche 16 octobre 2016

Un paysage, un voyage

Vous êtes venu un soir, invité par un ami, à une soirée théâtrale dans une petite ville de la campagne bretonne. Le soleil se couche, et le crépuscule s'étend sur la place arborée et la scène qui accueillent l'évènement.
C'est une toile blanche, vaste, suspendue à un vieux mur. Au pied de cette toile, sur un plancher rudimentaire, attendent pots de peinture, pinceaux et un escabeau.
C'est un petit bout de femme, frêle, brune, aux cheveux enserrés dans un chiffon protecteur, qui s'avance. A grands traits, elle dessine les contours d'un paysage, tandis que résonnent les premières notes émises par la contrebasse et le sax planants qui vous accompagneront, vous le spectateur et eux les créateurs, dans ce voyage. Bientôt apparaissent des affleurements, une végétation, un chemin qui apportent la profondeur au paysage. Puis viennent les arbres, des chênes peut-être, grossiers dans un premier temps et affinés petit à petit jusqu'à paraître sortir du cadre.
 
Soudain, vous voyez la peintre saisir un seau et asperger son œuvre de jet d'un vert acide ; vous la pensez ruinée, un véritable gâchis alors que vous étiez pris dans l'acte de création. Mais, par touches, avec maîtrise, l'artiste intègre ces projections au tableau général : mousses, fougères apparaissent. Le rythme profond de la contrebasse répond aux notes longues du sax.
Bientôt, trop tôt, la musique s'éteint, la peintre pose ses pinceaux et les trois complices viennent saluer le public. Vous applaudissez, avec l'enthousiasme de ceux qui ont été transportés.

Un p'tit texte en hommage à l'asso Arrivée d'Arts Show qui organisait l'évènement et à tous ceux qui font vivre la culture et le spectacle vivant ! Il y avait aussi ce soir, entre autres, des phrases non terminées et une présentatrice nymphomane...C'était cool !


PS : merci C.C. !

mardi 4 octobre 2016

Un oeil

, l'oeil.

Il pleure, pourquoi ?

mercredi 28 septembre 2016

Guerre et Paix (mais pas en Russie)

...quoiqu'on pourrait en discuter aussi, et que ce n'est pas exclu que j'y vienne.

Quand une personne décide-t-elle des actes assez terribles pour être qualifiés de terroristes par le reste du monde ?

Il faut qu'il y ait une cause, une cause si forte qu'elle passe outre l'instinct basique de ne pas tuer un congénère...Bon, dépasser cet instinct a toujours été plutôt simple puisque ça a été fait d'innombrables fois dans le passé sans que ce soit qualifié de terroriste (sauf peut-être par la victime).

Il faut donc autre chose ; il faut que la cause en question soit (en cas de succès) imposée aux vaincus.
Alors, qu'est-ce qui fait la différence entre des mouvements révolutionnaire et terroriste ? La frontière entre ces deux conceptions est suffisamment floue pour que de nombreuses batailles rhétoriques aient eu lieu, par exemple pour Mandela. Alors, une révolution est elle un terrorisme parvenu à ses fins comme une religion est une secte qui a réussi ?
Quelqu'un qui agit contre un système, contre les lois, et avec violence, est-il toujours un terroriste ? Dans ce cas, la Révolution française est un épisode terroriste, et on est pourtant bien aise de sa survenue. Si elle existe, où se situe la différence ?

L'élément central qui donne son nom au terrorisme, c'est que les actions qui sont engagées utilisent l'impact psychologique des actions violentes pour imposer l'omniprésence de leur message. La violence porte son propre message et constitue un moyen de pression sur la société.
al-qaida, puis l'état islamique auto-proclamé (non, pas de majuscules, j'ai même supprimé celle du début de phrase) et leurs semblables, cherchent à affaiblir les résistances de l'état d'esprit démocratique. Ils le font en exerçant une pression pour imposer l'application de la charia (une loi islamique qu'un grand nombre de musulmans n'est pas prête à accepter), dans les pays du Maghreb d'une part (la Tunisie restant à ce jour le seul pays, durement touché, à fonctionnement démocratique dans cette région du monde), ainsi que dans les ménages musulmans des pays occidentaux. Pour ce faire, il leur est nécessaire d'avoir un système de propagande efficace, c'est-à-dire largement diffusé (quel bel outil qu'Internet ! le FN l'a lui aussi bien compris, d'ailleurs).
Leurs batailles se mènent désormais surtout sur le terrain idéologique, du discours et de la guerre psychologique (ouverte ou occulte) plutôt que sur le champ de bataille, leur ambition d'exister en tant qu'Etat indépendant semblant forfaite.


Je n'ai pas utilisé le terme de djihadiste jusqu'ici - à dessein. Il y a deux djihad : le grand (une élévation de l'âme) et un petit (qui recherche la conversion de l'autre par la force). Les textes de l'islam font incontestablement la part belle au grand Djihad. Aussi incroyant que je suis, je ne veux pas manquer de respect envers ceux qui croient ; je n'utilise donc pas le terme de Djihad à tort et à travers.

L'Occident a une part immense de responsabilité dans l'état actuel des choses, de par ses actions du passé et son actuelle inaction. J'en parlerai plus longuement une autre fois, mais la France dans laquelle je souhaite vivre, et dans laquelle je pensais vivre il y a encore pas si longtemps, je la pense à l'agonie : pays des Droits de l'Homme, mon fion, pas foutu d'accueillir plus de quelques milliers de réfugiés, et encore, en se battant pour savoir qui en aura le moins, tandis qu'on vend des rafales à l'Arabie Saoudite et les Mistral de Poutine à l'Egypte (histoire, sans doute, de ne pas mettre d'huile sur le feu dans cette région du monde).


Que faire lorsque deux visions irréconciliables se rencontrent ? Les gens qui suivent un islam modéré sont largement compatibles avec nos sociétés occidentales (sans pour autant que leurs ancêtres deviennent des Gaulois, pauv'con). Ceux dont l'objectif est la destruction des valeurs d'humanité dans lesquelles j'ai été élevé, indiscutablement, non.
Et donc pour lutter contre ça ? Il y a les balles bien sûr ; puisque c'est inévitable que la violence réponde à la violence quand on vous agresse ainsi. Mais les balles ne font pas tout, le combat se place aussi sur l'autre terrain : celui de ne pas se sentir empêché de vivre et d'avancer ; celui de se porter vers l'autre sans aller contre lui ; celui de ne pas accepter que les cultures arabes soient pris en otage par des fous. S'y intéresser, c'est déjà combattre un peu ; je m'y intéresse, même si je connais peu de choses - plein à découvrir ! Allez, hop, un serpent :




ça passe aussi par les nombreux artistes qui mêlent les cultures ; j'ai déjà eu l'occasion de parler d'Orange Blossom, mais il y a aussi des groupes anciens comme Taÿfa, ou des artistes plus récents comme Souad Massi, Yelli yelli, Lhasa de sela (RIP)...

Un mot, encore.

Hier mourait Shimon Peres, le dernier des trois nobélisés du processus de paix au Proche-Orient qui a abouti à l'accord d'Oslo, à ce jour la plus grande avancée dans le sens de la paix, qui s'est écroulée avec l'assassinat d'Yithzak Rabin. Il semble que, ni dans les pays arabes, ni en Israël, il n'y ait de dirigeant qui souhaite établir la paix dans cette partie du monde. Il a fallu la conjonction de ces trois hommes pour parvenir à cet accord. Quoi qu'ils aient pu faire par ailleurs, pour ce qu'ils ont fait à ce moment-là, à ces trois-là : Shalom, ²Salaam.






PS : J'imagine un terroriste expérimenté qui causerait à un jeunot d'la bombe : "Tu vois petit, les Occidentaux, ils ont un peu foiré leur coup ; d'un paternalisme triomphant, ils sont tombés dans un œcuménisme écœurant. De temps en temps, on voit qu'ils ont essayé de garder la domination sur leurs gonzesses, ils descendent dans la rue, tout ça...Mais globalement, ils se sont fait bouffer par leurs nanas. Vois donc : ils leurs donnent le droit de conduire et de voter, 'faut pas déconner quand même !

mardi 6 septembre 2016

En vrac

Juste un ch'tiot mot pour signaler deux points qui n'ont rien à voir :

- le débat sur le réchauffement climatique et ses conséquences sur l'excellente émission La tête au carré d'hier ;

- une chanson qui, qu'on apprécie le style ou non (perso, musicalement, elle ne me touche pas trop), a le mérite de montrer qu'il existe des ponts entre arabes et israéliens (et ce, en dépit des menaces de mort reçues par Leonardo Tajabadi) :


- Oh, allez, un petit troisième point pour le plaisir ; j'aime bien Barré le bien nommé, maître de l'humour noir bien féroce :








samedi 27 août 2016

Combien de voiles ?

Le conseil d'Etat a donc statué sur l'illégalité des arrêtés municipaux interdisant le port des burkinis sur les plages des communes concernées. On imaginerait bien que cela constituerait un point final à la fois définitif et un peu plus digne que les échanges catastrophiques de ces dernières semaines sur ce sujet ; malheureusement, notre personnel politique n'ayant de ce qualificatif que le nom (ha ha), ce n'est pas gagné.

Le seul truc qui apparaît salutaire dans tout ça, c'est que quelques personnes de droite se sont quand même prononcées (avant que le Conseil d'Etat s'exprime) contre ces interdictions : il y a donc des gens logiques à droite.
Ce qui est fichtrement inquiétant, c'est que des personnes étiquetées "à gauche" se sont fourvoyées dans un discours quasi-sarkozyste sur le sujet : Manuel Va...Ah non, je parlais de gens de gauche. Non non, en fait, je n'ai pas entendu de gens de gauche s'exprimer de cette façon sur le sujet.

Les femmes voilées ont donc le droit de se baigner dans l'espace public en burkini, ce vêtement ne portant atteinte ni aux bonnes mœurs, ni à l'ordre public.

En fait, le burkini ne cachant pas le visage, il s'apparente plus à un voile simple qu'autre chose. Par conséquent, s'il y avait une question à se poser, je pense que ç'aurait plutôt été celle du voile islamique : dans notre société, accepte-t-on que quelqu'un porte le voile - ou non ?

J'ai fait un peu le tour des opinions sur le burkini autour de moi, mais, se rapportant plus à mon sens à la question du voile, je les mets ici. En gros, j'ai rencontré deux blocs d'opinions :
- on est dans une république laïque, alors aucun signe religieux ostentatoire (clochers d'églises compris) ne devrait être toléré dans l'espace public ;
- tout le monde devrait pouvoir s'habiller comme il le souhaite, y compris pour se baigner (mais dans certains discours, avec la nuance du "si ça permet à ces femmes de se baigner c'est bien, mais cependant, je suis opposé(e) au voile en soi")
Alors, qu'en penser ?

Bruno Nassim Aboudrar retrace dans un livre (que je n'ai pas lu) l'histoire du voile islamique. Il explique (par exemple ici, et ) que l'origine du voile n'est pas nécessairement musulmane mais qu'un vêtement, aussi bien porté par les femmes que les hommes, était occasionnellement rabattu sur la tête voire le visage. Quiconque a lu, par exemple, l'Iliade et l'Odyssée d'Homère se souviendra de nombreuses occasions où ce geste est décrit - il me vient en tête la supplication de Priam à Achille, mais il y en a sans doute bien d'autres).
Il rappelle également que le Coran n'évoque le voile que trois fois, en réalité : une fois pour protéger les femmes de Mahomet, une fois pour qu'elles abaissent un voile sur leur poitrine en présence d'un étranger, une fois comme le meilleur moyen de ne pas être offensée.
Sur ce dernier point, on peut éventuellement se dire que ça ressemble à un "si tu te balades en bikini, t'étonnes pas de te faire siffler / aggresser / violer, mais bon, outre que dans des sociétés hyperpatriarcales ce n'est pas vraiment surprenant, le fait important reste que l'islam ne fait pas de fixette sur le voile, à la base. Si on va voir un peu sur le net, on peut par exemple trouver une description assez précise de ce que peut être le voile, par les musulmans de l'Oumma : le mot "voile" recouvre plusieurs vocables arabes, qui décrivent parfois le vêtement, parfois désignent le concept d'occultation, de ce qui sépare la créature humaine de la révélation divine.
Il est également intéressant de voir que, je cite : "pour la non observation du port du voile, la Loi n’a pas prévu de sanction temporelle, car il s’agit là d’une question relevant de l’au-delà (contrairement au meurtre ou au vol)."
Il y a également ici une intéressante quoique difficile à suivre description de la perception du voile dans la vision soufie de l'islam.

De tout cela (et du reste), que retiré-je ?


- à la base, nous vivons dans un Etat de droit (enfin, il paraît, en tout cas), ayant adopté les déclaration universelle des Droits de l'Homme en 1948, dont les articles 18 et 19 sur la liberté de religion et la liberté d'expression. Donc tout le monde peut avoir une religion et l'exprimer ;
- nous vivons dans un pays laïque qui a édicté une loi sur la laïcité en 1905, qui interdit notamment d'apposer aucun signe religieux en quelque emplacement public que ce soit en-dehors de tout édifice servant au culte. Les dispositions légales récentes parlent de signe "ostentatoire", ce qui est suffisamment flou pour qu'on en fasse n'importe quoi. N'importe qui est donc en droit d'arborer des signes religieux dans la rue (sinon, on ne verrait plus de bonne sœur / moine bouddhiste / shaman animiste dans les rues. Non, on n'en voit pas beaucoup, mais il ne leur est pas interdit de circuler) ;
- même si, à l'origine, le voile n'est pas nécessairement une spécificité islamique, il est devenu, de fait, associé à cette religion (en tout cas en Occident) ;
- même si, dans les textes ou les interprétations citées, il n'y a pas d'obligation pour une femme de se voiler la tête, l'histoire récente nous enseigne qu'il y a (toujours)(souvent)(dans certains cas) - rayer la mention inutile - au minimum une pression sociale, voire une obligation sous peine de violence, de porter le voile, voire de "bien" le porter (je conseille à mes éventuels contradicteurs de lire/regarder Persépolis de Marjane Satrapi, entre autres) ;
- par définition, il m'est impossible de savoir si une femme voilée est contrainte de porter son voile ou si elle le fait par volonté personnelle, sauf à lui poser la question directement - je vois ça d'ici : il y a des femmes musulmanes non voilées, des femmes non musulmanes qui portent des foulards, des femmes musulmanes qui portent le voile par choix et d'autres - probablement - par obligation (voire les deux).

Et la conclusion, me direz-vous ?
Légalement, il n'y a actuellement aucune possibilité d'interdire le voile ni donc, le burkini. Humainement, en tout cas en Occident, des femmes portent le voile par choix. Il n'y a donc pas non plus de fondement pour l'interdire, au moins pour cette liberté-là (anticlérical speaking). Je ne vois donc que ce truc que les impatients détestent : le travail de longue haleine sur l'humain, qui doit permettre à tout le monde de pouvoir s'exprimer / se vêtir / se maquiller comme il le souhaite, ce qui ne sera véritablement en cours d'acquisition que lorsque, dans une famille musulmane, on acceptera que les filles ne se voilent pas si elles ne le veulent pas (et après, on s'occupera des fils de Sikh coiffeurs).
Mais malheureusement, je ne suis pas sûr qu'on en prenne le chemin : je ne peux pas m'empêcher, en croisant une femme voilée, de me demander si elle l'est par choix ou non. Le fait de se poser la question est, peut-être, une avancée par rapport à quelques dizaines d'années ; mais cela reste symptomatique du chemin qu'il reste à parcourir. La paix ne peut peut-être être atteinte qu'au bout d'un long chemin.

Salaamoun, la paix

Ah, et pour ceux qui voudraient se recaler sur les différents types de voiles : c'est ici (je conseille fortement ce dernier lien, très didactique)


samedi 13 août 2016

Lucarnes

Je suis une fenêtre,
Le monde à travers moi.
Le monde voit
Ce qu'on veut bien lui laisser voir.
Parfois on m'ouvre,
On accepte le monde intérieur.
C'est amical ; c'est courageux.
Je suis une fenêtre ;
On regarde négligemment à travers moi,
Je suis sale ; je suis trouble,
Un carreau obscurci.
Monde déformé,
Directions faussées, actes erronés.
Lavée, le monde :
Soleil, nuages et vent,
Pluie et brouillards,
La nuit,
Nets.

dimanche 26 juin 2016

L'échappée

La douleur est constante, un bruit de fond qui me sape, petit à petit, émaillée de pointes vives et cruelles, pénibles.
En ce moment, elle est surtout dans les mains. Je les regarde : elle est là, quelque part, qui irradie des paumes vers les doigts. Sensation que mon sang est remplacé par un liquide visqueux, d'un gris argenté, coulant paresseusement dans mes veines, métal en fusion qui brûle et pourtant ne chauffe pas. Les drogues sont impuissantes à taire la douleur - je leur rends justice, néanmoins : elles l'amenuisent, au prix d'un effet sédatif permanent.
Lassé, j'avance et m'affale lentement dans le canapé. Je renverse la tête en arrière et, vaincu par les médicaments qui me volent ma force, je ferme les yeux.
J'entends là-haut les enfants jouer. Dans le fracas des jeux me parvient le son d'une boîte à musique. Ensorcelé, je me laisse porter par le thème et dérive dans des rêveries célestes le temps que la mélodie se joue. Je navigue au-dessus des nuages, là où tout est lumière et air pur, pour un temps trop court avant que la réalité ne me rattrape et que je doive, péniblement, ouvrir les yeux.
Je retrouve le monde tangible, celui où chaque instant est lutte contre l'assoupissement, et où la douleur est constamment absorbée, et dissimulée.

mercredi 25 mai 2016

La sagesse du vin...

...qui croirait en ces temps troublés trouver dans un texte écrit par un auteur musulman l'éloge du vin en tant qu'anxiolytique ? J'ai pourtant trouvé une perle de ce genre dans le livre Poésie Arabo-Andalouse édité chez Michalon.
L'auteur, Al-Mu'tamid Ibn 'Abbad,vécut au XIè siècle. Il fut le fils d'un Rey de Taifa de Séville, auquel il succéda en 1068 avant d'être exilé au Maroc et d'y mourir en 1095. Chevalier, mécène, il est aujourd'hui surtout connu comme poète : poète de la douceur de vivre, puis de l'exil. Probablement sous son règne les relations avec les juifs de son royaume étaient-elles bonnes, puisqu'au moins un poète juif (Yosef Ibn Saddiq, ou Abou Amir) a dédié un de ses poèmes au vizir de Mu'tamid.

J'ai un peu joué avec le texte de Mu'tamid intitulé Sagesse, pour arriver à ceci :


Le livre dont j'ai tiré le poème est une anthologie de poèmes choisis par Farouk Mardam-Bey et Rachid Koraïchi :
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Pour ceux qui ont la flemme d'essayer de lire la traduction sur le tour de la page (sachez que vous me décevez beaucoup) :

SAGESSE

Abreuve ton coeur, il guérira
Et vis ta vie, elle s'en va déjà !

Devrait-elle durer mille ans pleins
Que je ne pourrais en être las

Vas-tu t'affliger jusqu'au trépas
Quand le luth et le bon vin sont là ?

Résiste à l'assaut de tes tourments
La coupe est une épée, brandis-là !

La raison te noie dans tes soucis
Le sage est celui qui ne l'est pas.


Al-Mu'tamid Ibn Abbad


mardi 10 mai 2016

Attaquer le FN sur ses idées

Il paraît en ce moment un livre sur le programme du FN. Ecrit par Maël de Calan, ce livre met en avant les contradictions dudit programme pour mettre ce parti politique devant ses incohérences techniques.
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Soyons clair : de Calan ne sera jamais quelqu'un pour qui je voterai, et de préférence si je pouvais éviter de voter Juppé l'an prochain, ça m'arrangerait aussi. La date de parution de ce travail rend indiscutable son caractère électoraliste - comme les dernières décisions de Hollande sur le bio, d'ailleurs, mais là n'est pas la question, c'est après tout le cas de tout acte de personne politique à partir d'il y a au moins six mois jusqu'à dans un an.
Pour autant, au moins, il fait la démarche de combattre le FN sur le fond (il y aurait sans doute moyen de faire une blague sur le fond du FN, mais je suis trop fatigué) ; et il n'y a pas de doute sur le fait que c'est fait trop rarement. Je n'ai pas lu ce bouquin mais la démarche peut quand même être saluée.
En son temps, Médiapart l'avait fait également, et il y a toujours matière à tirer profit de cette saine lecture.
Lorsque je vois passer ce type de livre, je me demande toujours : qu'est-ce que je raconterai si je devais débattre avec un type du FN, du genre un baratineur comme Philippot ? Parce que tous ne rentrent pas dans la catégorie des gens interviewés par Guillaume Meurice. Le FN est devenu plus "professionnel", moins "artisanal coup d'gueule mandale", que du temps de papa/papy Jean-Marie. Alors bon, si les partisans de Juppé et consorts trouvent dans ce bouquin de quoi claquer le bec à un gars du FN, si les frontistes se font taper dessus de tous bords, de droite comme de gauche, alors moi...ça m'va.

dimanche 8 mai 2016

Et vive Jeanne d'Arc...

Pour une fois que la bande à Vanheonacker me fait rire, le CR d'une visite de Guillaume Meurice à la fête de Jeanne d'Arc du FN :


Bon, en vrai, ils se sont améliorés depuis leur arrivée sur les ondes d'Inter ; sauf Vizorek, toujours aussi plat et avec cette irritante manie de faire une pause après chaque blague histoire de bien signaler où il faut rire (en même temps, il vaut mieux, souvent).

lundi 2 mai 2016

Islam des lumières...religions éclairées ?

Je ne suis pas quelqu'un de religieux.
 L'éducation que m'ont inculquée mes parents (mon père, anticlérical convaincu, ma mère pas loin de l'être aussi ; tous deux par ailleurs très ouverts au monde et tournés vers l'autre), et les lectures / discussions dont j'ai pu me nourrir, m'ont amené à penser que, si une certaine spiritualité n'est pas une tare, les églises, quelles qu'elles aient pu être, ont sans doute été son plus grand ennemi dans l'Histoire.
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Trouvez-moi une religion où on ne finit pas pas vous dire un truc comme ça...
 
Probablement, les temps que nous vivons actuellement en sont une nouvelle preuve, une preuve qui s'inscrit dans un chapelet de faits historiques qui ne peuvent que me conforter dans cette opinion : lorsque le pouvoir temporel soit s'abrite derrière une apparence de spiritualité, ou est associée à une vision étroite et fanatique de ladite spiritualité, on n'obtient en général qu'actes violents, lâches ou les deux.
Pour prendre des exemples dans la religion chrétienne, celle que je connais mieux (comme une grande partie de l'Occident), pour une religion qui prône l'amour de son prochain, c'est pas très joyeux - dans le désordre : destruction des Cathares, Saint-Barthélémy, Inquisition, etc., et ce sans compter les occasions d'agir pour le bien non mises à profit (Pie XII, si tu nous entend...).
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Le massacre de la Saint-Barthélémy : un festoche un peu mou
 
Pourtant, il existe également des exemples dans l'Histoire où des religions ont pu s'entendre suffisamment bien pour vivre en harmonie. L'exemple souvent mis en exergue est celui d'Al-Andalus.
Durant environ 700 ans, les trois religions monothéistes dites "du livre" auront pu vivre en relative bonne entente, avec par moments de véritables pics d'échanges culturels et philosophiques
Il n'est pas question d'idéaliser cette période, qui est après tout étroitement liée à un cycle de conquêtes guerrières, et où, pour reprendre une expression célèbre, "la vie [ne fut] pas un long fleuve tranquille"; mais de la promiscuité plus ou moins forcée qui en a résulté, des trésors d'humanité ont émergé. Averroès, Maimonide sont de cette époque-là ; et pour ne prendre qu'un autre exemple, sans le multilinguisme qui avait cours à cette époque, il est probable que la pensée des philosophes grecs nous serait parvenue bien plus tard.

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Averroès et Maimonide (statues toutes deux à Cordoue, ville de leur naissance)


Lorsque Malek Chebel lance Noor, il combat (lui et l'équipe de la revue) l'idée d'un islam de lumières, un islam de l'entente, tourné vers les autres, et porteur d'un message d'ouverture et de paix.
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Par Noor, ils essaient de nous rappeler que ce qui a eu lieu est peut être encore possible et que, peut-être, l’œcuménisme n'est pas forcément mort avec Yithzak Rabin. À la mort de cet homme, d'autant plus remarquable qu'ancien faucon, disparaissait une moitié du héraut de paix qui aurait pu sauver le proche orient (l'autre moitié étant Yasser Arafat). Quelle ironie de se dire que ces deux chefs de guerre furent ceux qui s'approchèrent le plus de la paix dans ce secteur du monde... Et pourtant, peut-être pas : peut-être fallait il revenir de la guerre pour prendre la voie de la paix. Quelle ironie de se dire également que le nom d'Yithzak Rabin est soit honni, soit à moitié oublié dans son propre pays...
C'est l'exact contraire de Daech, d'Aqmi et consorts. Bien que non religieux, de culture ni arabe ni musulmane, il me semble important de se rappeler que, aussi étrangère que me soit la pensée religieuse (pour laquelle j'éprouve une certaine répulsion naturelle), l'islam ne se résume pas au petit Jihad que certains imposent au monde ; il contient aussi des trésors d'art, de pensée...
Toute construction intellectuelle devient ce qu'on en fait.





mercredi 27 avril 2016

L'Europe est morte

Les extrêmes droites ont gagné une grosse bataille, tout récemment. Une bataille menée contre l'humain, et nous sommes tous responsables de cette défaite (enfin, pas tout à fait, mais je me compte dans le tas, en tout cas). Il faut bien avouer que l'ensemble de l'Europe a contribué à cette défaite - à l'exception notable d'Angela Merkel, pour un temps - et pourtant ce n'est pas quelqu'un à qui j'attribuerais habituellement volontiers des lauriers.
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Aucun pays de l'Europe n'est désormais légitime pour se draper dans le manteau de garant des Droits de l'Homme, et la France, autant que les autres, a perdu ce droit. Cela ne gênera peut-être pas certains pays, mais la France a perdu énormément de ce fait : nous, qui nous targuons si souvent d'être le pays des Droits de l'Homme, avons accepté d'accueillir un nombre de réfugiés fuyant la guerre en Syrie minimal, ridicule par rapport à l'enjeu et par rapport à notre voisin allemand, que nous ne sommes même pas capable de mettre réellement en place. A ce jour, combien de réfugiés syriens en France par rapport au nombre de personnes en attente ?
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Bien sûr, il n'aurait pas été possible de loger tout le monde dans des maisons, bien sûr il aurait fallu donner un peu de soi, mais...C'était techniquement possible, je pense. On est forts en solidarité lorsque le besoin est lointain, nettement moins lorsque la misère vient frapper à nos portes. N'oublions pas, non plus, que l'Occident porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle, une responsabilité historique. La longue histoire de cette responsabilité aurait pu nous laisser le temps d'envisager la possibilité de la situation que nous vivons et aurait donc dû nous laisser le temps de l'anticiper...
Mais, non préparée, l'Europe a échoué à s'entendre sur un accueil de réfugiés Syriens digne d'un défenseur de l'humain, ou même respectueux des devoirs d'accueil de réfugiés en temps de guerre.
Et puis, l'Europe passe un accord avec la Turquie : un accord de marchandage de vies humaines, qui ressemble trop fortement à un "gardez-les hors des frontières de l'Europe et on vous donne des thunes", ce qui ressemble quand même beaucoup à un "je paie pour ne pas voir ce problème-là".
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Et voir les conditions dans lesquelles on les accueille, ces réfugiés, dans ces "camps de concentration"...L'expression, très forte, est de Tony Gatlif : ces camps entourés de barbelés où on entasse des gens, dont la finalité n'est pas la mort, mais où elle peut être présente.
Il y a des jours où j'ai honte d'être européen...
Il est vrai, aussi, que les migrants ne semblent pas vouloir venir en France, mais une certaine idée de l'Europe est morte : celle de Jaurès. L'Europe ne s'entend pas, ne peut avoir et n'a donc pas de voix unique.
L'Europe a-t-elle une autre vocation qu'économique ? Reste-t-il quelque chose d'humain, d'idéal dans l'Europe ? Les populations peuvent-elles / veulent-elles insuffler une étincelle de chaleur dans cette  mécanique ?



vendredi 15 avril 2016

Secrets d'affaires

Une vidéo de Nicole Ferroni qui résume bien le sujet :


mardi 12 avril 2016

Une vieille boîte et trois planches

L'autre jour, Céline participait aux Journées Européennes des Métiers d'Art à Mordelles, et il y avait à côté de son stand deux gars qui faisaient des guitar box (le blog de l'un d'eux est visible ICI).

Comme j'ai été parfaitement bluffé en voyant ce qu'ils faisaient, et ce qu'ils sortaient comme son, je me suis dit que j'allais essayer, sur la base du concept de base des cigar box guitar : faire un instru en n'utilisant que du matos de récup.

Donc, voici le matos de base :
Une vieille boîte en bois (boîte à crochets d'ardoise) toute pourrie et une planche de contreplaqué inutilisée (bon, en fait, je ne le savais pas, mais elle aurait servi à Céline).
A ceci, j'ai ajouté en cours de construction un bout de planche à bardage extérieur pour faire le manche, un bout de tasseau pour faire le support de l'attache des cordes de guitare et du chevalet, plus un bout de bois de récup' issu des chutes de construction de l'atelier de Céline. Plus quelques vis, un peu de colle à bois et des cordes à guitare, bien sûr (OK, celles-ci ne sont pas de récup).

Donc j'ai commencé par découper la table de la guitare pour qu'elle corresponde avec la boiboite, fait une rosace ovale. J'ai fixé le manche et placé l'ensemble sur la boîte, qui sert donc de caisse de résonance :


Ensuite, d'un bout de tasseau, j'ai fait de quoi fixer les cordes et le chevalet, en faisant une 'tite découpe pour coller à la rosace et fixé le tout :


Une fois tout collé, ça donne ça :


Après, j'ai cherché comment placer les frettes pour obtenir des notes le plus juste possible, et je suis tombé sur ce site-là. J'en croyais pas mes mirettes tellement c'était parfait pour ce que je voulais faire. Du coup, ni une, ni deux, en route poupoule, je trace les emplacements des frettes :

A droite, les frettes : les clous, c'est chiant à couper !!!

Et puis j'ai placé une corde, pour voir ce que ça donnait. Et là, horreur, ô rage, ô désespoir, adieu monde cruel : j'étais allé trop vite, le manche était légèrement incliné vers le bas, trop peu pour que ce soit visible à l'oeil nu mais suffisamment pour que les cordes frottent sur les frettes et que donc la guitare soit totalement inopérante. Pas de panique, j'ai découpé une chute du chalet de Céline pour recréer un angle à fixer sous le manche :

 

Et donc, finalement, ça donne ça :


Une drôle de boîte avec un manche un peu énorme, mais au moins ça sonne. La preuve :



Bon, OK, Seven Nation Armies, j'aurais pu choisir autre chose. Malheureusement, j'ai un peu merdouillé l'encordage : j'ai pété une corde (moins facile d'estimer la tension quand on n'a pas le son pour se guider : j'ai encordé à la pince et au tournevis...), et les autres ne sont pas suffisamment tendues. L'observateur attentif aura en plus noté que je les ai montées à l'envers ;-) ! M'enfin...

Bon, il faut être très clair : c'était un délire d'amateur, c'est aussi en faisant qu'on apprécie le mieux le travail des pros. N'empêche, chuis trop fier !












samedi 2 avril 2016

Hé Mademoiselle

Oui, je sais, beaucoup de monde l'a déjà vu cette vidéo ; oui quelle bien pensance lutétiocentrée et oui, la première minute de chansonnette est horripilante.
Mais quand même, elle traite d'au moins deux sujets que je trouve importants en tant que mec : la vision qu'on a nous, les mecs, des filles dans la rue, et la vision qu'on a, nous, les mecs, des filles à la maison...



mercredi 23 mars 2016

Belgique

http://plantu.blog.lemonde.fr/files/2016/03/22-MARS-550.jpg 
de chez Plantu, bien sûr 

et l'indémodable :
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avec la main de Plantu