vendredi 30 janvier 2015

Des portes...

Lui, c’est l’autre.

Je le vois qui s’approche, d’un air dégagé, prêt à engager conversation – il frappe à ma porte d’une formule polie, d’un sourire.

Que faire ? Resté-je fermé à toute communication, l’envoyé-je sur les roses, ou alors – risque suprême ! – je m’ouvre à lui, j’entrebâille ? Allons, laissons-nous tenter. Je lui laisse juste l’espace pour que sa conversation se glisse entre le battant et le chambranle.

Poliment, il s’engouffre dans la brèche ; ce faisant, il m’ouvre sa propre porte, et nous passons gaiement chacun la porte de l’autre. J’entre ainsi dans un espace où je vois les idées qu’il a soigneusement disposées à mon intention. Une à une, j’y place les miennes et, par endroits, je déplace les siennes pour caser les miennes, j’en mets même une à la poubelle, d’où il vient la retirer, mais où, après l’avoir reconsidérée attentivement (bien qu’avec a priori), je la replace presque immédiatement. Ou alors, je change tout dans la pièce, d’un air interrogatif ?

Les objidées que nous avons placés chacun dans cette pièce qui nous est désormais commune – bien que nous ne nous voyions pas - ont dessiné, par les vides qu’ils laissent et les relations qu’ils nouent, plusieurs nouvelles portes. Elles sont parfois bien évidentes, mais un coup d’œil dans l’embrasure d’une de ces portes entrouvertes suffit souvent à faire le tour de ce qu’elles recouvrent – en apparence du moins. Mais certaines sont bien dissimulées et ne paraissent pas au premier abord, que ce soit par volonté délibérée, ou bien par le hasard des choses.

Celles-là, il faut se donner la peine de les chercher pour pouvoir les franchir ; parfois, on nous aide en les mettant soudain en évidence.

Ces portes-là, franchies – on peut être déçu, bien sûr, mais parfois, quelles pépites ! Aussitôt franchies, elles mènent à des constructions ineffables et d’autres portes invraisemblables, qu’on traverse d’une fulgurance pour aboutir à un nouveau lieu, de nouvelles correspondances, des architectures folles d’idées ou de sensations qu’on associe, qu’on oublie parfois, mais qui parfois restent et qu’on grave en soi pour les réutiliser ensuite après d’autres portes.

Mais souvent, petit à petit, s’introduisent dans ces moments de partage des objets extérieurs et pragmatiques (une horloge qui tourne, un agenda qui s’ouvre) qui dessinent des portes menant inéluctablement à la sortie de ces endroits.

Alors, on ferme doucement les portes sur ces espaces, témoins de ces fragiles constructions communes qui pour la plupart s’effondreront sitôt le pêne dans la gâche, la dernière pièce voyant l’affluence des banalités habituelles de ce genre de circonstances, qui s’amoncellent au centre.

Puis, chacun prend la porte opposée à l’autre, la referme doucement et, finalement, lui tourne le dos.

Bois...

Il m'arrive souvent, lors de mes pérégrinations, de tomber sur un morceau de bois à la forme évocatrice, et je m'amuse à y trouver des personnages. Fantasmagoriques autant qu'illusoires, éphémères, ces figures transitoires sont liées à l'évolution d'un bois mort. Parfois, c'est l'action du bûcheron, parfois c'est un évènement naturel, ou simplement le temps qui a servi de révélateur,  comme les bains qu'on utilisait il y a encore peu de temps pour développer une photographie - ça a bien changé ! Alors, je vous invite à flâner dans cette aile de la galerie de mes rêveries, futiles et capillotractées (1) ; peut-être n'y verrez-vous rien, ou autre chose, ou la même chose que moi, qui sait ? Comme je veux vous laisser la liberté d'interpréter ces photos, ce que j'ai vu dans chacune est en bas de cette partie d'article, au numéro correspondant.

1. IMGP22347 2.IMGP0086_le_cri 3.IMGP0098_cochon
4.IMGP13517 5.IMGP3502 6.IMGP3795
7.IMGP14205 8.IMGP19011_triste IMGP19012_crâne
9.IMGP8000 IMGP8001
10. IMGP1614
Comme je suis une bille et que je n'ai pas réussi à créer de lien interne entre la photo et  le texte (je vais peut-être me faire un site perso, un jour lointain...) mais afin de vous éviter quand même de remonter jusqu'à la photo correspondante, j'ai remis des liens ci-dessous :
  1. Cette bille résulte de la coupe d'une vieille souche, qui a fendu sous l'action du gel, ou de l'eau ; elle m'évoque une face tranchée en deux de haut en bas : visage picassien, monstre à la bouche verticale, face blessée d'un coup vertical ? Je ne sais pas. Il y a une nouvelle de Stephen King (attention, le lien contient un spoiler) qui évoque la scissiparité, et ça m'y avait fait penser, sur le coup. En tout cas, cette vieille souche me paraissait terriblement parlante (même si je ne suis pas sûr de ce qu'elle dit !).
  2. Vous allez peut-être trouver cela complètement barré (mais j'assume), mais ce bout de bouleau mangé de moisissures, avec ses trois trous de pics figurant deux yeux et une bouche grande ouverte dans une face livide, m'a fait penser au Cri de Munch. C'est fou, hein ?
  3. J'ai trouvé dans ce morceau d'écorce décollée un groin pointant à droite, surmontant une bouche fendue, un petit oeil, et même le semblant d'une oreille...Tête de cochon ! (mais certains y voient plutôt un ours...A vous de voir)
  4. Ce début de loupe sur un tronc couché de vieux châtaignier creux devient la tête d'un monstre goulu s'extrayant de la matière brute du bois sec...Moqueur, avide, désespéré, ou souffrant, qu'y voyez-vous ?
  5. La coupe en section d'un jeune charme, qui révèle un visage regardant à gauche - qui m'a fait penser, sur le coup, à Croquignol.
  6. Une racine usée par le temps, mais qui avait amalgamé un caillou - comme cela arrive parfois - qui constitue l'oeil d'une tête rigolarde au long nez pointant vers la droite.
  7. Oui oui, un éléphant qui barrit, farpaitement.
  8. Ce sont deux faces d'un même piquet de clôture croisé au détour d'un chemin. De l'oeil triste du premier, irrité par une paille, semble couler une larme accompagnant une bouche aux coins affaissés accentuant une impression de tristesse un poil surjouée - on devine un pleurnichard prompt à se plaindre d'une paille qu'un voisin lui mettrait dans l'oeil sans voir la poutre qu'il lui inflige lui-même. Le second est nettement plus inquiétant : ce grand oeil cave, et cette petite narine, cette absence de bouche - à moins que ce ne soit la diagonale pas nette qu'on voit dessous, m'ont fait penser au crâne décharné d'un oiseau de malheur. Un poteau évocateur - mais inquiétant, donc. ç'aurait pu être un totem s'il n'avait eu pour mission de garder, noyé dans la masse de ses congénères, un troupeau de Prim'Holstein.
  9. Là encore, dans les deux extrémités de ce bout de bois flotté trouvé sur une plage j'ai trouvé deux tronches surmontées de coiffes et affublées de barbes, pourvues de becs, peut-être les dignitaires mélancoliques d'un royaume avien ? Ils avaient, en tout cas, voyagé sur l'onde noire de la mer vineuse.
  10. Dans ce morceau de bois verdi, j'ai vu la tête d'un dragon mort. On en voit le cou fort, et on devine, à droite, le pli d'une puissante épaule. Eût-il été plus grand,  j'aurais dit qu'une végétation malsaine s'était développée sur la chair du géant, l'incorporant au paysage au même titre que collines et montagnes - mais vu la taille, il doit s'agir d'un simple dragonnet.
Ces fantasmagories ne sont pas forcément très gaies, j'en ai peur ! Mais cela tient sans doute au fait qu'elles découlent de bois en cours de décomposition, d'aubier dégradé, de duramen usé. Pour compléter ce billet déjà un peu long, voici un texte court que j'avais écrit il y a quelques années pour un appel à texte - certains d'entre vous le reconnaîtront peut-être :

Bois

 Brut

J'examine le bloc, sec.  Du tilleul, un bois clair, qui n'a pas de sens : quel que soit le sens dans lequel on le travaille, il ne crée pas d'aspérité, il ne casse pas pour cause de tension exercée dans une mauvaise direction au mauvais endroit. C'est une loupe, une excroissance pleine de circonvolutions dues à la croissance contrariée du bois, et qui dessineront à la surface de...l'objet...des dessins fantasques, fugaces si ce terme peut être appliqué au mouvement figé dans la matière.  Il est écorcé, défait de l'aubier, j'y vais.

Entame

Quelle heure? Incongru. J'y suis, je sue, ma râpe entame la matière, l'apprivoise et s'en accommode, mais mes mains cherchent à m'échapper, je dois les contrôler constamment pour éviter le coup de trop qui ruinerait ce qui est en train d'apparaître. La sciure vole, capte la lumière de la fenêtre sale en draperies grises.  J'attaque avec rudesse, les dents d'acier usent le matériau tendre, je pose ma triangulaire pour prendre une demi-lune, je vais attaquer l'arrondi en creux, là, lové dans son coin.  Ça vient, je la tiens je la vois, je vois la forme s'extraire du duramen, une ébauche, une flammèche seulement pour l'instant, qu'il faut entretenir avec précaution pour qu'elle devienne brasier et enflamme l'imagination des autres comme elle le fait avec la mienne en cet instant de fièvre.

Façonne

Fini le travail de lime, la râpe danse sur le bois. On ne dégrossit plus, on affine, là, les courbes, là, l'angle, le méplat, la concavité légère, presque imperceptible qui donne son relief à l'ensemble. Je vole d'angle d'attaque en angle d'attaque, rapidement, avec délicatesse. Je suis fou, je travaille sans méthode sans réflexion, sinon je ne peux pas tenir mes mains, elles veulent faire des conneries, je le sens, mais elle est là, elle est là !  Elle m'échappe. Elle glisse, je commence à réfléchir, c'est foutu, je la perds, elle part, je la rattrape, elle glisse je l'agrippe du bout de l'esprit ! Transe.

Finit

Ha ! J'ai l'esprit clair comme la lumière des matins glacés d'hiver. Je suis sur le point de finir. Le temps a passé, je le sais, c'est pas grave, je m'en fous : elle est là, devant moi. J'ai le papier de verre sur sa cale, j'inspire, j'y vais je plonge.  Allez, ma belle, ce sont les derniers coups, le papier grossier, puis de plus en plus fin, j'approche du méplat imperceptible, je vois bien qu'il lui manque quelque chose à celui-là, j'y vais et je m'arrête. Je ne sais pas ce qu'il y a ! Quelque chose ne va pas, mais je ne sais pas quoi ! Mon esprit tourne dans le vide, je suis vide tout entier, plus rien, un mannequin au regard vacant. Mes yeux sont fixés sur la pièce de bois, mais je la vois à peine, une goutte de sueur coule sur mon front dans mes yeux ? Non, elle prend le chemin de mon nez, c'est con mais ça me relance, je sais de nouveau, je sais !  J'approche mes mains pour user juste le petit coup nécessaire, et j'hésite de nouveau, je sens mes mains partir en vrille, c'est pas bon, pas bon. Mes doigts hésitent, à un rien de la forme imparfaite, pour le coup la sueur m'inonde les paupières, je pose le papier, je le relève. Pas la bonne position, pas le bon endroit, pas le bon mouvement, j'inspire, je m'y remets. Là, je crois que j'y suis, je pousse en esprit avant de contraindre mes mains à produire le Geste, au dernier moment, je sens qu'elles décalent, mais c'est trop tard, c'est lancé, je n'ai plus qu'à les forcer, elles doivent m'obéir, bordel, c'est mes mains ! Les doigts se tordent vicieusement d'un rien qui suffirait à tout détruire, mais je ne les écoute pas et je frotte le bois sur un demi-centimètre, une fois, deux fois, trois fois, j'arrête mes mains avant qu'elles fassent le quatrième tour, elles protestent mais ce n'est plus qu'un baroud, j'ai gagné.  
Je me relève, je suis en sueur, je tremble, mais j'ai réussi, elle est devant moi, je la vois sur son socle. Et quand elle sera exposée à tous les regards, quelqu'un d'autre la verra-t-il ?

Et vous, le bois vous inspire-t-il des rêveries similaires ? Ou une autre matière ? Partagez-vous ma marotte follette de voir des visages et des figures, des motifs, là où, censément, il n'y en a pas ?

(1) : tiré par les cheveux, bien sûr

Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet.  

entdaurog

Merci merci ! Cool de savoir que je ne suis pas seul au monde à voir le Cri là-dedans (j’avais un doute !) !
C’est excellent ce qu’il fait ce mec ! Oui, il triche un peu, mais le résultat est tellement bluffant ! Il a l’oeil, c’est clair. Merci beaucoup pour le lien, c’est une découverte pour moi !

 Kalys
Bravo pour ces superbes photos, et les textes qui les accompagnent qui le sont plus encore ! Je vois toujours beaucoup de choses dans les formes de la Nature, mais je serais bien incapable de les décrire si bien ! Mention spéciale au n°8. Quant au 2… Oui, je le vois aussi :)
Tiens, je te conseille d’aller voir ça : http://trees.viralnova.com/amazing-mirror-photographer/
C’est tricher, puisque le photographe utilise un miroir, mais… justement, avec seulement un miroir, c’est que le monsieur a l’œil, et je trouve le résultat très poétique.
Juste un mot pour dire que j'ai consacré une page à part à Charlie, ici...Histoire de ne pas oublier !
PS : et dire que la veille de l'attentat, il se passait ça...Au moins, ça donne un peu d'espoir dans la direction prise par les cultes...Et c'est bien la preuve que les musulmans sont une des premières victimes des intégristes...

 Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet.

 
entdaurog

Ah oui en effet, je n’avais pas bien compris ! Dans la mesure où l’enseignement peut comporter une composante religieuse, effectivement, le privé peut éventuellement pallier les manques du public. Mais je reste persuadé cependant que l’enseignement devrait, autant que faire se peut, être un service public, gratuit et accessible à tous. Le corollaire est donc que l’histoire des religions devrait peut-être y être abordée autrement (voire tout court). En fait, c’est peut-être une philosophie de la laïcité qui devrait être enseignée / débattue à l’école…
Mais je suis d’accord avec le fait que, de toute façon, il existe des inégalités entre les établissements scolaires, qui sont liés à la fois aux gens qui s’y trouvent (dans tous les métiers il y a des motivés et des glandeurs) et au contexte social qu’on a créé autour ces 30-40 dernières années.

Kalys

Non non, comme je disais (mais j’ai très mal formulé) je le voyais plus comme une piste d’analyse : on a d’un côté des jeunes dans des lycées classés ZEP, à qui on répète qu’ils doivent rentrer dans le moule républicain, mais qui se sentent rejetés de par leurs origines et leur ghettoïsation, et de l’autre, des qui sont scolarisés dans un milieu où l’on enseigne les fondamentaux de leur foi et sont entourés de gens la partageant. On peut donc les imaginer plus « relax », moins susceptibles, parce qu’ils vivent leur religion plus sereinement.

entdaurog

Salut Kalys, je ne sais pas si on peut conclure ça à la lumière de ce seul reportage, mais en tout cas il montre bien que les musulmans ne sont pas responsables de ces attaques, mais bien une frange qu’ils rejettent. ça donne plutôt espoir !

Kalys

Une bien belle page. J’en profite pour linker ce reportage : http://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/video-dans-un-college-prive-musulman-le-choc-est-immense_799423.htm
Cela semble prouver que seuls les gamins des lycées publics se sentent menacés dans leur foi et développent donc des réactions excessives. Une piste d’analyse ?

Charlie à Rennes

Le massacre de Charlie a suscité une impressionnante avalanche de réactions de par le monde entier (pas toujours intelligentes, mais passons) :

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Partout dans le monde, des gens se sont rassemblés pour manifester leur soutien aux survivants et leur horreur de ce qui s'est passé.
Au-delà de la représentation internationale, on pressentait que la mobilisation pourrait être importante en France : le nombre de gens qui sont descendus dans la rue est faramineux, plus de 4 millions selon le site du Monde, avec la présence de plus d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernements - du jamais vu. Il n'est pas interdit de rendre hommage aux gens qui n'ont pas dormi pendant trois jours pour organiser cela et que ça se passe sans heurts ni trop de problèmes de sécurité.
A Rennes, on était aux environs de 115 000 :

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Le cortège était très calme, les gens parlaient entre eux, d'inconnu à inconnu. A intervalles réguliers, des vagues d'applaudissements parcouraient l'ensemble du cortège, en un hommage digne, dépouillé de slogans et de mots d'ordre - qui n'auraient pu être que moins forts que cette manifestation sonore de ceux qui étaient là.

C'était impressionnant : dans le cortège, on entendait les applaudissement dans le lointain, qui venait jusqu'à vous, et le temps de battre des mains, la vague poursuivait sa course. La procession était si longue qu'on l'impression qu'elle disparaissait à l'infini.
Et tout ce mouvement humain s'est déroulé sans aucun heurt, sans qu'aucune violence soit perpétrée contre qui ou quoi que ce soit. C'était un hommage et une protestation tellement justes et humains que la force du moment vous prenait au tripes. Je ne sais pas si les arabes de Rennes étaient là - j'ai vu bien peu de maghrébins (oui, je sais, arabe et maghrébin, ce n'est pas forcément la même chose) dans le cortège - mais j'espère qu'ils ont compris qu'on leur disait aussi que le message n'était pas porté contre eux, mais contre le comportement de certaines personnes qui se réclament d'un islam qu'ils ont dénaturé ; moi, en tout cas, j'étais là aussi pour dire ça. Je ne me reconnais pas dans les cons qui dégradent des mosquées.
En sortant du cortège, j'ai été marqué par le message que portait une jeune fille dans la rue :
"Les terroristes ont détruit mon pays la Syrie, ne les laissez pas détruire la France"
Car, maintenant que cet extraordinaire mouvement a eu lieu, quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que nos responsables politiques / politicaillons de tout bord vont faire de ce grand, ce magnifique mouvement ? J'espère que ce qui s'est passé va  les hisser vers des hauteurs de vue qu'on n'avait aucun moyen de soupçonner pour l'instant chez eux (c'est mon côté naïf), mais je ne le pense pas (c'est mon côté réaliste). L'avenir nous le dira...

Je suis Charlie...

J'ai pas de mots, alors je mets des images, piquées aux dessinateurs du monde entier - je doute qu'ils m'en voudront :
dave brown David Pope sur l'attaque de Charlie Hebdo : He drew first
Dave Brown (à gauche), David Pope (à droite)
Hommage de Boulet, auteur de bande dessinée français, à Charlie Hebdo  Jean Julien
Boulet, Jean Julien
Hommage à Charlie Hebdo - Zep  banksy
Zep, Banksy
080115 Challenges Khalild Albaih dessin Charlie Hebdoalex
Khalid Albailh, Alex
Parce que j'ai la rage de rire ; parce qu'il faut pouvoir continuer de rire de tout le monde et n'importe qui ; parce que quelqu'un capable d'être moqué peut se remettre en question, et dès lors ne peut pas être complètement mauvais. Des gens qui ne l'ont pas compris nous ont enlevé des gens qui, eux, avaient le talent de nous faire rire pour nous ouvrir les yeux.

Edit (9/1/15) :
IMGP2209-1
Fabriqué à l'arrache hier soir avec les moyens du bord
Il y a eu sur France inter des interventions intéressantes d'auditrices, dans cette séquence, sur le fait qu'en France, la liberté de se moquer des religions quelles qu'elles soient, est un droit fondamental, et sur le fait que tout le monde n'a cependant pas toujours les codes pour comprendre des caricatures sur les religions.

Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet.  

entdaurog

Oui, c’est aussi un de mes tout préférés ! Je l’avais vu et j’avais connement fermé la page et fait d’autres recherches après, il m’a fallu chercher un peu pour le retrouver !

 Kalys

Je suis méga fan du dessin d’Alex :)

Charlie forever

C'est pas ce que j'avais envie de publier, mais là, pas le choix :
Voir l'image sur Twitter
Cabu, Wolinski, Tignous, Charb, Maris, et les autres...ils vont nous manquer.
Edit : Bon, j'étais un peu trop sous le coup il y a 4h pour développer un poil plus. Et j'apprends en plus que Fabrice Nicolino compte aux rangs des blessés...Qui d'autre est tombé sous les balles ce midi ?
Il est bien trop tôt pour accuser qui que ce soit de cet attentat, mais l'attaque contre ce média couillu, incisif, parfois bourrin, mais dans tous les cas un des piliers du paysage journalistique français, vise sans nul doute la démocratie et la liberté de penser. Charlie avait publié les caricatures de Mahomet non spécialement contre l'islam - je pense qu'ils estimaient qu'au même titre que toute autre religion, l'islam devait pouvoir être moqué si besoin -, mais contre ceux qui en font un instrument de pouvoir, d'étroitesse d'esprit, ou des deux : "C'est dur d'être aimé par des cons".
Je suis encore un peu trop frappé pour aller plus loin, mais la meilleure façon de rendre hommage à ces géants, c'est pour moi de cultiver ma liberté de penser et le pouvoir de rire - des cons, notamment.
Et, même s'il est peu de chance que quiconque de directement touché lise ce billet : solidarité envers les victimes et leurs familles.

 Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet. 

entdaurog
C’est vraiment terrible, un côté de ma tête me dit qu’il y aurait tant à dire ! Et l’autre côté répond que ce serait insuffisant, et que la retenue est la seule réaction valable. Je ne sais pas si je dois écrire plus, ou pas. Mais je pense que ce billet est tout ce que je pourrai écrire, de toute façon, ce soir. Respect à tous ces mecs qui ont fait vivre une certaine presse, en tout cas.

 Kalys
Merci d’avoir réussi à mettre de mots sur ce qui vient de se passer.

Jackson Five (Armies) - Attention spoiler !!!

Ayant eu une opinion mitigée de l'adaptation du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson, mais reconnaissant toutefois qu'ils constituaient un bon divertissement plus ou moins fidèle aux livres, j'ai voulu regarder l'adaptation du Hobbit.
A l'issue de cette épreuve, voici ce que je retiens :
- il n'aura échappé à personne ayant lu le Hobbit que les films ne sont pas fidèles à la lettre du livre. A la limite, ce n'était pas toujours très grave : une adaptation, il faut bien que ça s'adapte (hé) aux contraintes du cinéma, tout ça. Mais là, c'est quand même gros, ça entraîne de menus problèmes de cohérence globale. Donc, Hobbit #3 : Galadriel, Saroumane, Elrond et les autres se bastonnent avec les Nazguls et Sauron, il faudrait donc être le dernier des imbéciles pour ne pas se rendre compte que Sauron est de retour. Voyez comme Galadriel est intelligente et lucide : elle le dit, même. Seigneur des Anneaux #1 : oh, tiens, on découvre que Sauron revient, les Nazguls sont des choses inconnues qui sont terribles parce qu'ils font très très peur. Y a-t-il un souci quelque part ? PJ s'est tellement assis sur le texte qu'il crée des paradoxes entre les deux trilogies qu'il a tournées. Soit il se moque des bouquins qui ne seraient donc pour lui qu'une source d'inspiration pour créer un objet commercial (oooh, voyons), soit il prend le spectateur pour des gogos (boooarf, ils feront pas gaffe à ça...c'est trop discret !). Et ce n'est qu'un exemple.
- il n'aura pas non plus échappé au lecteur attentif que les films ne sont pas fidèles à l'esprit du livre. Et ça, c'est nettement plus ennuyeux. PJ a fait de ses films une saga héroïque et guerrière qui est aux antipodes absolues de ce qu'est le livre. Du coup, il  a renforcé les évènements originaux (un cambriolage rempli de péripéties, mais peu de combat, Bilbo étant même assommé avant le début de la bataille des Cinq Armées) artificiellement avec des moments guerriers à tire-larigot, plus une amourette naze incluant un triangle shakespearien fake, de jolies lumières féériques et de tragédie à l'eau de rose. Ça lui permet de gonfler artificiellement l'ensemble pour faire trois films longuets mais lucratifs à la place d'un seul opus dense, fidèle, mais qui ne rapporte qu'une fois. C'est vrai qu'il ne doit pas être assez riche comme ça.
 
Comparez les 474 minutes de film (version courte !) au bouquin...
Et je ne parle pas du fait que les personnages n'ont pas grand'chose à voir avec ceux des protagonistes du livre, ça ferait trop geek fan de Tolkien ; et pourtant il y aurait à dire sur le caractère de Thranduil (l'elfe aux sourcils les plus droits du monde), la présence de Legolas (un personnage placé pour cause de contrat esthétique ? ), de Tauriel, etc.
- les mécanismes de la trilogie sont nazes et donc les films sont mauvais. Pour prendre quelques exemples dans l'opus 3 (je n'ai nulle envie de m'infliger la torture de re-regarder les autres), qui peut croire un instant que des bonshommes qui se trouvent à la Montagne puissent se rendre dans un délai de quelques heures aux frontières d'Angmar, sachant que la distance entre les deux points est de plusieurs dizaines/centaines de kilomètres, aller-retour ? Comment peut-on envisager que, si Radagast intervient dans la bataille finale, il ne fait pas bénéficier aux troufions qui défunctent au combat de l'inestimable appui de son escadre aérienne ? Pour un compte-rendu plus complet des illogismes de ce film, vous pouvez rendre sur le blog d'odieux connard. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit, mais bon, il est très fort pour repérer les incohérences - et il a plus d'humour que moi.
Si on prend quelques exemples dans les autres films (de mémoire), l'arrivée du groupe de nains à Fondcombe se fait pour le moins soudainement et facilement : poursuivis par des orques, il se planquent dans une crevasse au pif et pouf ! Fondcombe est là, accueillante et vachement bien dissimulée ! Il faut croire qu'aucune personne malentionnée n'a eu l'idée d'aller chercher de manière approfondie dans le coin, hein...
Il y a dans le livre une raison pour laquelle les aigles n'emmènent pas directement le groupe dans des régions peuplées d'hommes : ils se feraient tirer dessus, ce qu'ils expliquent à Gandalf. Ce n'est pas expliqué dans les films et donc on ne comprend pas pourquoi ce n'est pas fait, ce qui paraît un peu con, quand même.
Et puis les divers ajouts faits par PJ aux histoires ajoutent des longueurs qui cassent le rythme des films...l'épisode 2 est sans doute un des films que j'ai trouvé parmi les plus pénibles à regarder à ce niveau.
Et caetera, et caetera.
- certaines scènes sont tellement tirées par les cheveux que je m'en serais presque arraché les miens. Je veux bien que Legolas soit un elfe, des bois qui plus est, fils de roi en plus, ce qui semble lui conférer des pouvoirs à part (puisque aucun de ses congénères ne fait montre de la moitié du quart de ses talents), mais quand même, courir sur des blocs de pierre qui tombent ?

Le malheur de tout ça, c'est que maintenant, une grande partie de ceux qui vont lire le Hobbit risquent fort de trouver cela fort peu divertissant, puisque l'idée qu'ils se feront du récit sera basée sur des films à la fois mal ficelés et pas fidèles, mais spectaculaires - ce qui est à peu près le seul mérite de ces films : il y a des images qui bougent avec des couleurs et de la musique héroïque, youhou, content !
Donc, chanterai-je avec les Jackson Five, Peter, I want you back ?
Ben non.

Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet.  


entdaurog
Au fait, tu sais qu’il existe une radio dragon ?
http://radiodragon.org/


entdaurog
Hé hé, oui, mais j’aime me faire du mal – enfin, jusqu’à un certain point, je vais pas non plus réécrire de billet sur ces bouz… (pardon Kalys) films.
Sinon, j’ai bien ri avec ton lien !


entdaurog
Oui, Radagast n’a franchement rien à foutre ici, et en plus il est ridicule (pfff…les lapins de Rhosgobel). Mais c’est vrai, les scènes avec le dragon sont les meilleures – et de loin ! – du 2 !


Gradlon
(Note: il te manque la case Site Web)
Tsss, tu te fais du mal, cher frère.
Ça m’a fait rire:
https://www.youtube.com/watch?v=1yqVD0swvWU
Mais ça ne respecte pas non plus le matériel original.


Kalys
En fait, dans le 1, je ne me suis jamais remise du magicien dans la forêt avec ses animaux dans ses cheveux dégueulasses, même chez Disney j’ai jamais vu un personnage aussi bête :)
Pinaise, je me souvenais même pas avoir vu Bloom dans le 2 ! Mais dans le 2, y’a un GRAAAGOON ! C’est cool !!!


entdaurog
Oups, c’est vrai, pardon, j’ai oublié d’avertir ! Je corrige.
Alors bon, je suis prêt à écouter toutes les opinions du monde, mais le 2 moins neuneu que le 1 ? Le 2, avec la naissance de l’idylle Tauriel – Kili qui chagrine si fortement Orlando Bloom qu’il aurait le visage chiffonné s’il n’était pas si lifté ?


Kalys
Dis, ton message, il spoile grave non ? Tu sais que je ne l’ai pas encore vu, le 3 ?!
Bon, de toute manière, j’ai jamais réussi à lire le bouquin, pas plus que LSDA et ce, bien avant la sortie des films :)
J’avais bien aimé le Hobbit 2 en tout cas, vachement moins neuneu que le 1. Mais alors le coup des aigles, je plussoie, ça m’avait paru trop bête.
 

Crustacés (sans coquillage)

Depuis quelque temps, on entend beaucoup parler des crevettes thaïlandaises, dont la nourriture (farines de poisson) est partiellement issue de l'esclavage de pêcheurs. Plusieurs sources relaient cette information, mais il semble que ce soit le Guardian qui ait lancé l'alerte en premier, suivi par d'autres comme par exemple à peu près toute la presse française. A titre d'exemple, une vidéo sur le site de Francetvinfo résume assez bien les choses. Les magasins Carrefour, vu l'ampleur de la médiatisation de ce thème, a rompu les liens commerciaux qu'elle entretenait avec la principale marque fournissant ces crevettes.
Si les crevettes originaires de l'Equateur, du Bangladesh ou de Madagascar semblent moins sujettes à caution sur le plan de l'esclavage, les conditions de travail y semblent quand même loin de ce qu'on pourrait accepter en France.
 
Cliquez sur l'affiche pour aller sur le site dont elle est issue

Cet évènement amène forcément à se poser la question des conditions dans lesquelles d'autres produits peu onéreux produits à l'étranger sont élaborés. L'exemple de la Chine vient forcément à l'esprit, mais la vérité est que dans bien d'autres pays sans doute le travail se fait dans des conditions inhumaines. La seule parade que je connaisse à cela est le commerce équitable, avec les limites qui sont les siennes.
Par ailleurs, ces crevettes restent des produits à empreinte écologique monstrueuse...Et ça, c'est sans compter les hectares de mangrove détruits (voir par exemple les crevettes "bio" de Madagascar), aux dépens de la flore et la faune originale dont c'est le milieu de vie. A tout prendre, autant mettre un saucisson sur la table, ce sera moins problématique...
N'oublions pas non plus qu'il y a quand même moyen de faire avec les ingrédients du coin en matière de produits de la mer : on reste quand même le pays d'Europe avec le plus grand linéaire côtier ! Les pêcheurs professionnels n'étant pas à la fête en ce moment, on peut leur filer un coup de main en achetant plutôt leurs produits que ceux d'industriels lointains...
Tout ceci pose la question de la consommation de ces produits de lointaine provenance : si l'on acceptait de ne les consommer qu'épisodiquement ou exceptionnellement, alors une partie des problèmes d'émission de gaz à effet de serre serait résolue (mais une partie seulement).
Mais ça demande d'accepter que certains produits, qui sont pour certains d'entre eux devenus des évidences de consommation, ne soient plus consommés de manière usuelle - attention, c'est là que ça pique : en vrac, meubles en bois exotiques, banane, chocolat, café (eeeeh oui), et je ne parle pas des vêtements faits en Chine...ça pose bien sûr la question de savoir si, en stoppant l'importation de ces produits, on ne créerait pas un problème économique dans les pays actuellement producteurs - et c'est là que, théoriquement, il faudrait une action au-delà de l'échelle individuelle pour inciter ces pays à vendre plutôt à proximité de chez eux qu'à l'autre bout du globe - d'ailleurs, ça vaut aussi pour nos fromages qui vont en Chine.
Et ça pose aussi la question du coût et du prix des choses. Le prix, c'est ce qu'on paie au vendeur en échange de ce qu'on acquiert. Le coût, c'est l'ensemble de ce qui incombe au producteur (production, transport, conditionnement, marketing) pour produire et vendre. Les grands producteurs industriels visent à diminuer le prix pour inciter à acheter, en tentant de s'abstraire de certaines parties du coût : l'esclavage est l'exemple extrême de la diminution du coût de production en ayant une main d’œuvre corvéable à merci et gratuite. La partie du coût que peu de gens avaient anticipé jusqu'ici, c'est le coût écologique. Puisque nous sommes à un moment critique du réchauffement climatique, un instant de notre ère industrielle où il est encore possible de limiter les dégâts que nous allons infliger à notre environnement dans l'avenir, alors tout produit à forte empreinte écologique acheté diminue les chances qu'on évite un genre de gros problème planétaire pour l'humanité - j'en ai parlé ici. On pourrait avec profit revoir à ce sujet Soleil vert, un film intéressant...
La difficulté est de réussir à concilier cela avec son porte-monnaie (je le sais, c'est pas évident). Tout ce qu'on peut faire, c'est agir à notre échelle. Les petits efforts peuvent se cumuler, et peuvent venir en complément des grandes mesures internationales qui, n'en doutons pas, seront sans doute prises à la conférence sur le climat de Paris en décembre 2015 (?).
Enfin, parmi les choses usuelles qu'il faudrait tendre à diminuer, il y a la sacro-sainte bagnole !!! Avant de faire un trajet en voiture, assurez-vous qu'il est bien nécessaire. Le recours à la voiture doit être désystématisé ! Les émissions de gaz à effet de serre liés à la voiture correspondent non seulement à la consommation de carburant, mais également la fabrication des véhicules, des routes, l'entretien de ces dernières, etc.
Et quoi qu'il en soit, la provenance lointaine d'un ingrédient ne devrait jamais être un argument de vente. Et ça vaut aussi pour certains magasins bio !
Par ailleurs, en achetant des produits issus de l'Union européenne, on a un peu plus de garanties sur les conditions de travail des producteurs (enfin, pour l'instant), même si ce n'est pas non plus la panacée.
Bon, je ne suis pas en train de dire qu'il faut se passer de tout, tout le temps, non plus ! Je dis que la consommation de certains produits devrait être limitée et non plus habituelle, et que par exemple si on veut manger des fruits exotiques à Noël - puisqu'on est en plein dans la période -, pourquoi pas, mais qu'on peut peut-être se limiter en-dehors des festivités...Il n'est certainement pas question de se priver de tout ! Mais d'essayer de choisir local, quand on peut.

Note : Comme je n'arrive pas à importer mon blog précédent, je colle dessous les commentaires émis sur ce billet.  

entdaurog
Non non non non non, tu ne m’agaces pas du tout ! :-)
Au contraire même, les échanges qu’on a me poussent à développer un peu mes arguments, c’est cool. Et je te remercie de prendre le temps de t’intéresser à ce blog et à ces thèmes !
Bien sûr qu’à côté de la masse des gens qui polluent à donf’, de ceux qu’en ont rien à fout’ et autres, l’effort individuel apparaît comme dérisoire et quasi inutile, mais, justement, ce n’est qu’une apparence, et tu as donné toi-même un excellent argument : « tous ces gens qui font des efforts ils sont bien gentils », tous ces gens ! Ben oui, c’est peut-être pas les plus médiatisés, c’est peut-être même pas la majorité, mais tous ces gens représentent quand même un bloc pas négligeable. Suffisant pour faire bouger l’ensemble ? Certainement pas. Mais si plein de petites gouttes viennent s’ajouter ? Alors, peut-être…
Ensuite, ben…c’est clair qu’on a beau n’être pas les responsables principaux de la débâcle qu’on risque de vivre, 1) on est les bénéficiaires de actions de ceux qui en sont responsables de par le confort dans lequel nous vivons, et 2) on en est les légataires dans le sens où on sera toujours responsables en intention du monde dans lequel nous vivons, nous qui avons la possibilité, ou au moins l’espoir ou la volonté, de faire bouger un peu les choses. C’est peut-être une connerie de culpabilité judéo-chrétienne à deux balles, réminisccence de notre histoire occidentale, mais je préfère caner en sachant que j’aurais au moins essayé qu’en étant convaincu du contraire. Peut-être le combat de Rachel Carson semblait-il perdu d’avance lorsqu’elle a publié le Printemps silencieux ; mais elle a fait bouger bien des choses avec son bouquin fondateur.
Et c’est pour ça que je disais aussi qu’une partie de la solution à ce problème réside à notre échelle, et une autre à l’échelle gouvernementale ou intergouvernementale. Et c’est là que le bât blesse (et ça m’arrache le bout des doigts de l’écrire), le gouvernement précédent a fait plus pour l’environnement que l’actuel (même s’il a fait en parallèle énormément pour détruire l’environnement). Le gouvernement actuel semble environnementalement inconséquent, on verra ce qu’il en est en décembre prochain.
Quant aux efforts à fournir, encore une fois, il ne s’agit pas de se priver intégralement (on ne vit pas en URSS), mais de se poser des questions sur sa consommation. Si tout le monde le faisait, ce serait déjà vraiment bien.
Si toi, par contre, je te gonfle, n’hésite pas à le dire ! Mais en ce qui me concerne, pas de souci pour discuter, tant que c’est dans un esprit d’échange constructif. D’ailleurs, si je tiens un blog, ce n’est pas que dans le but d’être lu, mais aussi d’échanger !


Kalys
Je sens que je commence à t’agacer ;)
Le truc, c’est que je ne cherche pas à remettre en question tout ce que tu dis, bien sûr. Mais (et même si j’ai conscience que c’est une attitude un peu puérile), je n’arrive pas bien à me faire à l’idée que je doive faire tous ces efforts dans mon quotidien, alors que des usines rejettent leurs eaux usées dans des fleuves, que des jet-seteurs vont faire leur shopping en hélico (t’avais vu la meuf au Petit Journal ?), que des types pratiquent le fuel dumping… J’ai l’impression d’être tellement une goutte d’eau dans la mer que cela ne me donne pas envie de faire des efforts. Je vais me priver de bain pendant que de grosses compagnies détruisent tout autour d’elles sans être jamais inquiétées ? Je trouve qu’il y a une disproportion énorme, et quand je vois tous ces gens qui font des efforts, qui roulent en vélo, qui achètent bio au détriment de leurs économies, qui coupent l’eau quand ils se lavent… Ben pinaise, je les trouve bien gentils (je nous trouve bien gentils, je fais presque toutes ces choses-là).
C’est pour ça que j’ai tendance à te contredire, parce qu’il me semble que… je ne suis pas, nous ne sommes pas, les vrais responsables, mais que c’est à nous de faire des efforts alors que même nos gouvernements s’en battent les couilles.
Pardon si j’ai fini par te gonfler <3


entdaurog
Mais bien sûr qu’il ne s’agit pas d’abandonner sa voiture d’ici 2030, où ai-je écrit cela ? Je parle de réduire les déplacements, et notamment d’éviter de traverser la France juste parce qu’on a un pied à terre dans trois régions différentes. Moi qui habite également dans un petit bourg de campagne, je serais bien embêté ! Mais il s’agit par contre de se poser la question : est-ce qu’aller chercher son pain ne peut pas se faire à pied ? Parce que, très clairement, on en est encore là pour beaucoup de gens.
Bien sûr que dans les grandes villes, les choses sont plus simples : les transports en commun sont bien organisés, les structures (magasins, services) sont bien présents, etc.
Je ne parle pas de contraindre les gens à faire quoi que ce soit, je dis que si chacun se posait ce type de questions avant d’enclencher le démarreur, on aurait résolu une partie du problème (qui en contient un grand nombre, dont les crevettes équatoriennes). Et puis utiliser les transports en commun est aussi une bonne solution, qui pour le coup est favorisée par les politiques publiques puisque la moitié du prix des abonnements doit être prise en charge par l’employeur (dans le privé en tout cas, je ne sais pas ce qu’il en est dans le public).
Quant à Total, EDF, etc. ils participent en apparence à une transition énergétique que le gouvernement saborde en permettant l’importation d’hydrocarbures non conventionnels (cf. le premier billet de ce blog). Mais dès que TAFTA sera signé, je parierais une main que le retour en arrière va être sévère (cf. https://france.attac.org/se-mobiliser/le-grand-marche-transatlantique/article/avec-le-tafta-l-ue-et-les-etats)


Kalys
Mais… personne n’abandonnera sa voiture d’ici 2030 !? Puisque on n’a pas vraiment le choix de l’utiliser… Encore dans les grandes villes, les transports en commun me semblent avoir bien évolué (voir Rennes, Nantes…) Mais à Guingamp ?! Mais je pense aussi que Total, EDF… y travaillent, à la transition énergétique. C’est dans leur intérêt, non ?


entdaurog
Oups, je crains que ma réponse postée le 1er janvier 10h ne soit pas passée (ou alors je n’étais pas bien réveillé).
Concernant l’utilisation des nouvelles technologies, j’attends de voir ce que vont donner les phoneblocks (http://www.lesnumeriques.com/telephone-portable/phoneblocks-smartphone-concept-modulable-concu-comme-lego-n31030.html et http://trends.levif.be/economie/high-tech/un-prototype-fonctionnel-du-phonebloks-voit-le-jour-video/article-normal-323219.html). L’idée de base est simple et sympa : pouvoir gérer les modules de son téléphone pour en changer une partie des composants lorsqu’ils sont défectueux. ça évite de changer tout le téléphone ! C’est en théorie une réponse intéressante à l’obsolescence programmée, à condition :
- que les composants et connecteurs soient suffisamment solides et performants ;
- qu’il y ait, au-delà de l’opération de comm’ que l’apparition de ces téléphones constitue immanquablement pour Google (greenwashing), une réelle efficacité en termes d’utilisation moyenne d’énergie par téléphone construit et en état de marche ;
- que le prix soit suffisamment abordable pour ne pas être rédhibitoire, ni réserver les phoneblocks à une élite en mal de bonne conscience verte.
A voir !
Sur les aspects transports, c’est clair que la recherche sur l’amélioration des performances énergétiques des transports est nécessaire. Malheureusement, je doute que cela suffise à réduire de manière suffisamment importante nos émissions de gaz à effet de serre avant 2030, conditions sine qua non au fait de ne pas dépasser les 2°C d’élévation de température en fin de siècle (ce qui est considéré comme le seuil au-delà duquel on rentrera dans des mécanismes plus gérables). Il est possible de coupler certains transports avec des énergies renouvelables (éoliennes, hydroliennes, etc.), mais cela nécessiterait que les preneurs de décisions s’engagent avec décision dans la transition énergétique, or je crains que ce ne soit pas aussi évident que cela. Donc, à mon avis et à court terme, ne reste que la possibilité de s’autolimiter question transports, la recherche constituant à mes yeux une solution uniquement de moyen à long terme…


Kalys
Je comprends mieux :)
En ce qui concerne les nouvelles technologies, appareils mobiles et Internet en tête, je pense que tout est question de mesure. Si l’on veut bien faire, je suis sûre que l’on peut rejoindre ce que tu disais : consommer moins pour consommer mieux. Il me semble inadmissible que des gens changent de portable parce qu’ils ont accumulé des points alors que le leur est en parfait état de marche et souvent, même pas obsolète. C’est la même chose que de prendre sa voiture pour aller acheter le pain à cinq minutes à pieds (sauf pour les personnes qui ont des difficultés à se déplacer, évidemment).
En tout cas, je serais curieuse de savoir ce que tu penses de mon idée : ne crois-tu pas que, puisque on ne se passera pas de la voiture, il faut tout axer sur la recherche de moteurs moins polluants ? À l’instar du train, qui à ses débuts était un monstre écologique et qui aujourd’hui apparait comme le plus propre des moyens de transports ? (à l’exception des vélos/rollers etc., évidemment) À mon sens, c’est la meilleure solution…


entdaurog
Salut Kalys,
entendons-nous bien : j’ai moins de problème avec le voyage que tu fais dans l’année pour aller découvrir des choses que tu ne connais pas qu’avec le trajet routinier que tu fais aux quatre coins de la France de manière routinière parce que tu as des pied à terre partout… Ce mode de déplacement du tout bagnole participe aux émissions de CO2 pour une justification bien faible à mes yeux. Un mec qui va se balader en Mongolie parce que ça l’intéresse, qui rencontre les gens là-bas et en retire une richesse personnelle ne me pose pas problème.
La question du coût énergétique / écologique du matériel lié aux dernières technologie est également très importante. Il y a eu un reportage intéressant dans l’émission Cash investigation de Elise Lucet sur les conditions d’extraction de ces matériaux. C’est encore un problème compliqué parce que le matériel informatique / smartphone et autres est également devenu une évidence de consommation à bas prix. Malheureusement, il serait hypocrite de ma part de faire la leçon sur ce sujet particulier, puisque j’utilise largement ces technologies, notamment pour écrire sur ce blog.
D’où ce que je disais auparavant sur le fait qu’Internet permet de faire communiquer des gens, mais que l’empreinte de cette communication est sans doute moins durable que la rencontre en vrai – et du coup j’en reviens à mon voyage de découverte par opposition au trajet usuel mais dispensable. Et, encore une fois, ce type de trajet me pose problème lorsqu’il s’agit de trajets en voiture (surtout seul dans sa bagnole), j’ai moins de soucis avec le covoiturage, et bien sûr encore moins avec les transports en commun.


Kalys
« Je visais plus les gens (j’en connais) dont le mode de vie comprend le fait de pouvoir faire Pays Basque – Paris – Bretagne – Pays Basque dans la même semaine juste pour le plaisir »
Ben là… On est en totale opposition ^^ Je suis bien contente que les gens puissent faire ce genre de trajets – pour le plaisir. Et il me semble invraisemblable de comparer l’information que j’obtiens via le web avec un véritable voyage – en avion.
L’idée que nous restions tous bien enfermés chez nous dans une forêt sans accès à la culture, ressassant les mêmes traditions et mangeant des racines, n’est pas vraiment mon idée du paradis, intellectuel ou matériel.
À long terme, je pense même qu’Internet et les outils que nous utilisons pour nous y connecter sont bien plus nocifs qu’un vol en avion. Les terres rares sont… rares, et extraites dans des conditions épouvantables.
Merci pour le lien, je vais regarder ça ! Et je te souhaite un très joyeux Noël ! Des bises.


entdaurog
Kalys,
Ce n’est pas du tout un exemple à la con, le cochon. En effet, une grande partie du porc produit en Bretagne l’est dans de mauvaises conditions, et c’est vrai qu’on a abîmé les sols, et plus encore probablement l’eau avec les élevages de porcs par le passé – c’est un peu moins le cas maintenant, du fait de la préservation croissant des zones humides autour des cours d’eau. Pour le poulet, c’est possible de trouver du poulet qui soit élevé en plein air, mais ce n’est pas encore la règle. Faut-il arrêter de manger du porc ? C’est une question compliquée ; comme je le disais dans mon billet, on ne peut pas se passer de tout, tout le temps. Très franchement, je ne me vois pas ne plus manger de porc, ce que j’espère, c’est qu’une partie sensible de la production pourrait évoluer vers cela : http://www.bretagne.synagri.com/synagri/porc-et-agriculture-biologique
MAIS, le problème que cela pose est que les surfaces nécessaires pour produire ce type de porc est plus importante que pour un élevage hors-sol, avec une consommation plus importante du territoire. Donc, à surface équivalente (par exemple la surface de la Bretagne), la quantité de viande de porc produite sera sans doute inférieure…Ce qui signifie une consommation moindre. On en revient toujours à ça : consommer moins, consommer mieux…C’est le credo de l’abondance frugale, un concept dont je parlerai dans un post à venir – mais j’ai de la lecture à finir sur ce sujet, donc ça attendra un peu.
Concernant la voiture, il est évident que lorsqu’on habite à la campagne, on a besoin de pouvoir se déplacer, parfois sans planification (exemple type : médecin), donc la voiture est nécessaire. Pour certains, il existe la possibilité des transports en commun (je fais quotidiennement plus de 2 h de transports en commun pour aller au boulot là où en voiture je mettrais deux fois moins de temps, j’aurais beaucoup de mal à quitter la commune où je vis et l’asso que j’y ai créée).
Je visais plus les gens (j’en connais) dont le mode de vie comprend le fait de pouvoir faire Pays Basque – Paris – Bretagne – Pays Basque dans la même semaine juste pour le plaisir – sans compter les trajets en avion. Oui, les voyages ont probablement facilité les rapprochements des peuples mais je pense que l’émergence d’Internet a amoindri cet intérêt. Cependant, je reconnais, que l’empreinte que laisse la rencontre avec des gens dans un pays lointain est probablement plus durable qu’un échange sur le net, qui ne peut de toute façon constituer qu’une vitrine pour un pays, et ne montre pas la réalité de ses rues ou de ses monuments.
Quoi qu’il en soit, merci pour ton commentaire et ton appréciation sur ce blog ! Comme je l’ai dit ailleurs : vive le débat !!!


Kalys
Je fais ma chieuse volontairement :S Pas pour t’emmerder, ni même pour me faire l’avocat du diable, mais parce que ce sont des questions que je me pose en vrai :)
Je pourrais quand même commencer en disant que j’ai trouvé tes deux premiers billets très intéressants ! Bon, contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant mes comm’ sur le blog de Maloriel, je suis déjà sensibilisée à ces questions et elles me tiennent également à cœur :)
Une question cependant, donc. Concernant la valeur des produits locaux. Je vais prendre un exemple à la con. En Bretagne, on a pas mal abîmé les sols à force d’élever des porcs. Dois-je donc arrêter de me nourrir de porc ? Ce qu’en vrai je fais déjà plus ou moins, parce qu’ils sont élevés dans des conditions déplorables… Mais comme tout en fait ! Les poulets grandissent deux mois et sont abattus, qu’ils aient « couru » ou pas… Les dindes bouffent des quantités de médocs… Je ne sais plus quoi manger, moi :) Du coup, je me dis que je préfère manger un produit élaboré sainement, mais qui vient de loin. (même si le coup de la « brosse à dents bio », mais wtf ??!)
Quant à la voiture… J’ai fait le choix de m’installer à la campagne d’abord, puis maintenant j’habite un lotissement sur les plateaux guingampais… Quoi qu’il arrive, je bosse toujours loin de chez moi, donc la question de faire autrement ne se pose même pas… Et j’ai l’impression que c’est le cas pour l’immense majorité des Français.
En tout cas, félicitations pour ce blog qui répond à beaucoup de mes attentes en termes de contenu, je viendrai te lire régulièrement ! Des bises !